L’Encyclopédie/1re édition/LUSACE, la

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LUSACE, la, Lusatia, & en allemand Lausnitz, (Géog.) province d’Allemagne dans la Saxe, bornée N. par le Brandebourg, E. par la Silésie, S. par la Bohème, O. par la Misnie. On la divise en haute & en basse. La haute appartient à l’électeur de Saxe depuis 1636. Bautzen, ou Budissen en est la capitale. La basse est partagée entre le roi de Prusse, l’électeur de Saxe & le duc de Mersebourg. M. Spener prétend que la Lusace a été nommée par les anciens auteurs, pagus Luzizorum ; &, en effet, la description donnée par Dirmar de Lucizi pagus convient fort à ce pays. Comme la Lusace contient six villes, savoir Gorlitz, Bautsen, Sittau, Camitz, Luben & Guben, les Allemands l’appellent quelquefois die sechs Stædten, c’est-à-dire les six villes. L’empereur Henri I. l’érigea en marquisat, & Henri IV. l’annexa à la Bohème. Voyez Heiss, Hist. de l’empire, liv. VI. chap. viij.

Quoique la Lusace soit une assez grande province, on peut dire que M. Tschirnaus lui a fait honneur par sa naissance en 1651. Il a découvert, non sans quelques erreurs, les fameuses caustiques qui ont retenu son nom ; c’est-à-dire qu’il a trouvé que la courbe formée dans un quart de cercle par des rayons réfléchis, qui étoient venus d’abord paralleles à un diametre, étoit égale aux du diametre.

Les grandes verreries qu’il établit en Saxe, lui procurerent un magnifique minoir ardent, portant trois piés rhinlandiques de diametre convexe des deux côtés, & pesant 160 livres. Il le présenta à M. le régent, duc d’Orléans, comme une chose digne de sa curiosité.

Non-seulement M. de Tschirnaus trouva l’art de tailler les plus grands verres, mais aussi celui de faire de la porcelaine, semblable à celle de la Chine, invention dont la Saxe lui est redevable, & qu’elle a portée depuis, par les talens du comte de Hoym, à la plus haute perfection.

Je ne sache qu’un seul ouvrage de M. de Tschirnaus, & l’exécution ne répond pas à ce que la beauté du titre annonce, Medicina mentis & corporis, Amst. 1687, in-4°. Les vrais principes de la medecine du corps n’ont pas été développés par notre habile lusacien ; & il n’a guere bien sondé la medecine de l’esprit, en l’étayant sur la Logique. Pétrone a mieux connu la Medecine quand il l’a définie, consolatio animi : celui qui pratique cet art, n’a souvent que ce seul avantage. Il ne peut produire dans plusieurs cas que la consolation de l’esprit du malade, par la confiance qu’il lui porte.

M. Tschirnaus est mort en 1708, & M. de Fontenelle a fait son éloge dans l’hist. de l’acad. des Sciences, ann. 1709. (D. J.)