L’Encyclopédie/1re édition/LOANGO

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LOANGO, ou LOWANGO, (Géog.) royaume d’Afrique dans la basse Guinée, sur la côte de l’Océan éthiopique. Il commence au cap Sainte-Catherine, par les 2 degrés de latitude méridionale, & finit par les 5 degrés de la même latitude, ce qui lui donne 3 degrés ou 75 lieues des côtes nord & sud. Son étendue est & ouest dans les terres est d’environ 100 lieues. Il est séparé du royaume de Congo par le Zaire, la capitale s’appelle Loango.

Les habitans de cette contrée sont noirs, & plongés dans l’idolâtrie ; les hommes portent aux bras de larges bracelets de cuivre : ils ont autour du corps un morceau de drap, ou de peau d’animal, qui leur pend comme un tablier ; ils sont nuds depuis la ceinture en haut, mettent sur la tête des bonnets d’herbes, piqués avec une plume dessus, & une queue de buffle sur l’épaule, ou dans la main, pour chasser les mouches.

Les femmes ont des jupons ou lavougus de paille, qui couvrent ce qui distingue leur sexe, & ne les entrouvrent qu’à moitié, le reste de leur corps est nud par le haut & par le bas. Elles s’oignent d’huile de palmier & de bois rouge mis en poudre ; elles portent toûjours sous le bras une petite natte, pour s’asseoir dessus par-tout où elles vont.

Ce sont elles qui gagnent la vie de leurs maris, comme font toutes les autres femmes de la côte d’Afrique ; elles cultivent la terre, sement, moissonnent, servent leurs hommes à table, & n’ont pas l’honneur de manger avec eux.

Ils vivent les uns & les autres de poisson, & de viande à demi corrompue. Ils boivent de l’eau ou du vin de palmier, qu’ils tirent des arbres.

Le roi est despotique, & ce seroit un crime digne de mort d’oser le regarder boire ; c’est pour cela qu’avant que sa majesté boive, on sonne une clochette, & tous les assistans baissent le visage contre terre ; quand sa majesté a bû, on sonne encore la même clochette, & chacun se releve ; d’ailleurs, le roi mange rarement en présence de ses sujets, & même ce n’est que les jours de fêtes qu’il se montre en public.

Les revenus de l’état sont en cuivre, en dents d’éléphans, en habits d’herbes qu’on nomme lavougus, & dont le monarque a des magasins ; mais les principales richesses consistent en bétail, & en esclaves des deux sexes.

Ce pays nourrit des éléphans, quantité de buffles, de bœufs, de cerfs, de biches, de pourceaux, de volaille. Il abonde en tigres, en léopards, en civettes, & autres bêtes qui fournissent de belles fourrures. On y voit des singes à queue, que Van-den-Broeck a pris pour des hommes sauvages.

Les funérailles du peuple de Loango se font assez singulierement ; ils placent le mort sur une espece de bucher, dans la posture d’un homme assis, le couvrent d’un habit d’herbes, allument du feu tout autour, & après avoir entierement desseché le cadavre, ils le portent en terre avec pompe.

Dans ce royaume, les fils du roi ne sont pas les héritiers de la couronne, ce sont ceux de sa sœur ou de l’aîné de ses sœurs. Il a tant de femmes & d’enfans, qu’il y auroit toûjours des guerres entre eux si la succession pouvoit les regarder. (D. J.)

Loango, (Géog.) capitale du royaume de ce nom ; le roi y réside avec sa cour & son serrail ; l’enclos de sa demeure ou de son palais, est d’une palissade de branches de palmiers, & forme un quarré d’une très-grande étendue ; on y trouve les maisons de ses femmes & de ses concubines ; on reconnoît les unes & les autres à des brasselets d’ivoire, & elles sont étroitement gardées. Les bâtimens des autres habitans sont sur le modele de celui du roi ; ils ne se touchent pas, & sont bordés & entourés de bananas, de palmiers, & de bankoves. Loango est environ à deux lieues de la côte de l’Océan éthiopique. Long. 29. 15. lat. mérid. 4. 30. (D. J.)

Loango, baie de, (Géog.) elle se reconnoît aisément par les hautes montagnes rouges qui sont du côté de la mer, car il n’y en a point d’autres semblables sur la côte. Cette baie passe pour être bonne ; cependant à son entrée, vers l’extrémité septentrionale, il se trouve un banc qui court depuis la pointe, près d’une demi lieue, le long de la côte. Voyez sur cette baie Van-den-Broeck, Voyage de la Comp. des Indes orient. tom. IV. p. 318. (D. J.)