L’Encyclopédie/1re édition/LINOS

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LINOS, s. m. (Littér.) espece de chanson triste ou de lamentation, en usage chez les anciens grecs.

Voici ce qu’en dit Hérodote, liv. II. en parlant des Egyptiens. « Ils ont, dit-il, plusieurs autres usages remarquables, & en particulier celui de la chanson linos, qui est célebre en Phénicie, en Chipre & ailleurs, où elle a différens noms, suivant la différence des peuples. On convient que c’est la même chanson que les Grecs chantent sous le nom de linos ; & si je suis surpris de plusieurs autres singularités d’Egypte, je le suis sur-tout du linos, ne sachant d’où il a pris le nom qu’il porte. Il paroît qu’on a chanté cette chanson dans tous les tems ; au reste, le linos s’appelle chez les Egyptiens maneros. Ils prétendent que Maneros étoit le fils unique de leur premier roi ; & que leur ayant été enlevé par une mort prématurée, ils honorerent sa mémoire par cette espece de chanson lugubre, qui ne doit l’origine qu’à eux seuls ». Le texte d’Hérodote donne l’idée d’une chanson funebre. Sophocle parle de la chanson elinos dans le même sens ; cependant le linos & l’elinos étoient une chanson pour marquer non-seulement le deuil & la tristesse, mais encore la joie suivant l’autorité d’Eurypide, cité par Athénée, liv. XIV. chap. iij. Pollux donne encore une autre idée de cette chanson, quand il dit que le linos & le lityerse étoient des chansons propres aux fossoyeurs & aux gens de la campagne. Comme Hérodote, Euripide & Pollux ont vécu à quelques siecles de distance les uns des autres, il est à croire que le linos fut sujet à des changemens qui en firent une chanson différente suivant la différence des tems. Sophocle, in Ajace ; Pollux, liv. I. c. j. Dissert. de M. de la Nauze sur les chansons des anciens. Mém. de l’ac. des Belles-Lettres, tome IX. pag. 358.