L’Encyclopédie/1re édition/LINIMENT
LINIMENT, s. m. (Pharm.), espece de remede composé externe, qui s’applique en en frottant légerement, enduisant & oignant les parties.
Le liniment proprement dit, doit être d’une consistance moyenne entre l’huile par expression, ou entre le baume artificiel & l’onguent ; & il ne differe que par cette consistance de ces deux autres préparations pharmaceutiques. Leur composition & leurs usages sont d’ailleurs les mêmes. Ce sont toujours des huiles, des graisses, des résines, des baumes naturels, des bitumes destinés à amollir, assouplir, détendre, calmer, résoudre : & même cette différence unique qui dépend de la consistance, ne détermine que d’une maniere fort vague & fort arbitraire, la dénomination de ce genre de remedes : ensorte qu’on appelle presqu’indifféremment baume, liniment, ou onguent, des mélanges de matieres grasses destinés à l’application extérieure, & qu’il importe très peu en effet de les distinguer.
Quoi qu’il soit presque essentiel à ce genre de remede, d’être composé de matieres grasses, & que l’élégance de la préparation, l’obligation de faire de ses différens ingrédiens un tout exactement mêlé, lié, aggrégé, en exclue les matieres non miscibles aux corps gras ; cependant sub assiduâ conquassatione, en battant long-tems avec les huiles, ou d’autres matieres grasses résoutes, des liqueurs aqueuses, pures ou acidules, on parvient à les incorporer ensemble sous la forme d’un tout assez lié. Le cerat de Galien qui est un liniment proprement dit, & le nutritum vulgaire qui est appellé onguent, contiennent le premier, de l’eau, & le second, du vinaigre.
On peut donc absolument, si l’on veut, prescrire sur ce modele, des linimens magistraux dans lesquels on fera entrer des décoctions de plantes, de l’eau chargée de mucilages, de gomme, &c. mais si l’on veut, d’après l’ancien usage, dissiper par la cuite l’eau chargée d’extrait, de mucilage, &c. ces substances restent en masses distinctes parmi les matieres huileuses ; elles ne contractent avec elles aucune espece d’union, & séparées de leur véhicule, de leur menstrue, de l’eau, elles n’ont absolument aucune vertu dans l’application extérieure.
Au reste, il paroît que les liqueurs aqueuses introduites dans les linimens n’ont d’autre propriété, que de les rendre plus légers, plus rares, plus neigeux ; car d’ailleurs leur vertu médicinale réelle paroît appartenir entierement aux matieres huileuses. Voyez Huile & Onguent.
On fait entrer aussi assez souvent dans les linimens & les onguens, diverses poudres telles que celles des diverses chaux de plomb, de pierre calaminaire, de verd-de-gris, des terres bolaires, des gommes-résines, & même de quelques matieres végétales ligneuses, de semences farineuses, &c. toutes ces poudres qui sont ou absolument insolubles par les matieres graisseuses, ou qui s’y dissolvent mal dans les circonstances de la préparation des linimens & des onguens, non-seulement nuisent à la perfection pharmaceutique de ces compositions ; mais même sont dans la plûpart des ingrédiens sans vertu, ou pour le moins dont l’activité est châtrée par l’excipient graisseux. (b)