L’Encyclopédie/1re édition/LATRINE

◄  LATRIE
LATRIS  ►

LATRINE, s. f. (Littér.) latrina, a, dans Varron ; lieu public chez les Romains, où alloient ceux qui n’avoient point d’esclave pour vuider ou pour laver leurs bassins. On ne trouve point dans les écrits, ni dans les bâtimens qui nous sont restés des anciens, qu’ils eussent dans leurs maisons des fosses à privés, telles que nous en avons aujourd’hui.

Leurs lieux publics, & il y en avoit plusieurs de cette espece à Rome, étoient nommés latrinæ ou lavatrinæ, de lavando, selon l’étymologie de Varron : Plaute se sert aussi du mot latrinæ, pour désigner le bassin ; car il parle de la servante qui lave le bassin, quæ latrinam lavat. Or, dans ce passage du poëte, latrina ne peut-être entendu de la fosse à privé des maisons, puisqu’il n’y en avoit point, ni de la fosse des privés publics, puisqu’elle étoit nettoyée par des conduits souterrains, dans lesquels le Tibre passoit.

Non seulement les latrines publiques étoient en grand nombre à Rome, mais de plus on les avoit en divers endroits de la ville pour la commodité. On les nommoit encore très-bien sterquilinia ; elles étoient couvertes & garnies d’éponges comme nous l’apprenons de Séneque dans ses épitres.

On avoit pour la nuit l’avantage des eaux coulantes dans toutes les rues de Rome, où l’on jettoit les ordures ; mais les riches avoient pour leur usage des bassins, que les bas esclaves alloient vuider à la brune dans les égoûts, dont toutes les eaux se rendoient au grand cloaque, & de-là dans le Tibre. (D. J.)