L’Encyclopédie/1re édition/LANUVIUM

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LANUVIUM, (Géogr. anc.) aujourd’hui Civita-Indovina ; petite ville d’Italie dans le Latium, à 15 milles de Rome, sur la voie Appienne. Il y avoit un temple à Lanuvium dédié à Junon Conservatrice. Tite-Live, liv. XXII. ch. j. fait mention des sacrifices qui y furent décernés ; mais les anciens auteurs parlent encore davantage du champ de divination, nommé solonius campus, qui se trouvoit dans le territoire de cette ville.

Ce champ servoit d’asyle à un vieux & redoutable serpent, qui toutes les années dans la saison du printems, lorsque la terre reprend une nouvelle vie, venoit demander de la nourriture à certain jour fixe. Une fille du lieu, encore vierge, étoit chargée de la lui offrir ; cependant avec quelle crainte ne devoit-elle pas approcher du serpent terrible, & quelle épreuve pour son honneur ! Ce reptile ne vouloit recevoir d’aliment que d’une main pure & chaste. Malheur aux jeunes filles qui lui en auroient offert après avoir eu des foiblesses ! Pour les autres, elles étoient rendues à leurs parens ; elles étoient comblées de caresses, & l’air retentissoit de cris de joie qui sur ce favorable augure annonçoient au pays la récolte la plus abondante.

Properce, Eleg. 8. liv. IV. a décrit cette cérémonie, & le roi de France possede dans son cabinet une belle pierre gravée qui en donne la représentation. Un jeune homme, dit M. Mariette, se baisse pour prendre la corbeille mystérieuse dans laquelle est le serpent : cet animal va paroître ; & la fille aussi modeste que timide, s’avance tenant une paterre & un vase rempli de lait ou de miel. Son pere & sa mere qui l’accompagnent, semblent implorer sur elle l’assistance des dieux ; & le satyre qui les suit & qui leve le bras en signe d’acclamation, nous apprend le succès de l’épreuve, & les avantages que les habitans de la campagne en vont retirer.

Je trouve dans les Annales historiques que Quirinus (Publius Sulpicius), consul romain, mort l’an 22 de Jesus-Christ, naquit à Lanuvium ; il acheva le dénombrement de la Judée qu’avoit commencé Sentius Saturnius ; du-moins nous avons lieu de présumer que c’est le même qui est appellé Cyrénius dans l’évangile de saint Luc. Il mérita l’honneur du triomphe par ses victoires, & devint gouverneur de Caïus, petit-fils d’Auguste.

Mais Lanuvium avoit encore plus sujet de se glorifier d’avoir donné la naissance à l’empereur Marc Antonin, ce prince admirable, qui par sa sagesse & sa modération s’attira l’amour de ses sujets & les hommages des barbares. Il mourut dans le sein du repos l’an 161 de l’ere chrétienne, comblé d’années & regrété de l’univers.

Les tyrans inhumains périssent dans la rage ;
Mais Antonin, Trajan, Marc-Aurele, Titus,
Ont eu des jours serains sans nuit & sans orage,
Purs comme leurs vertus. (D. J.)