L’Encyclopédie/1re édition/KÉIROTONIE

◄  KEIRRI
KEITH  ►

KÉIROTONIE, s. f. (Litter.) maniere de donner son suffrage à Athenes par l’elévation des mains. Lorsque les Athéniens vouloient élire leurs magistrats, ils assembloient le peuple pour les suffrages ; mais comme il étoit difficile de recueillir les voix séparément, on introduisit l’élévation de la main, par laquelle chaque particulier marquoit son suffrage ; cette maniere d’élection, dont Isocrate & Démosthène nous parlent souvent, fut nommée kéirotonie, χειροτονία.

La même méthode passa chez les Romains dans plusieurs conjonctures. Cicéron nous en fournit la preuve dans ce passage de son plaidoyer pour Flaccus : Nec sunt expressa ista præclara, quæ recitantur psiphismata (les decrets), non sententiis, neque auctoritatibus declarata, nec jure jurando constricta, sed porrecta manu.

A la naissance de l’Eglise, lorsqu’il fallut établir des évêques & des prêtres pour remplir les fonctions ecclésiastiques, on assembloit les fideles, on leur proposoit des sujets ou ils en proposoient eux-mêmes, & l’élection se faisoit semblablement par l’élévation des mains, χειροτονία ; après quoi l’on ordonnoit celui qui avoit le plus grand nombre de suffrages. C’est ce que nous apprenons de Zonare : le suffrage, dit-il, des fideles pour l’élection des évêques, se nommoit keirotonia, parce que lorsqu’il s’agissoit d’élire les ministres des autels, les fideles d’une ville ou d’un bourg, s’assembloient, élevoient leurs mains pour l’élection, afin qu’on pût compter les suffrages, & celui qui avoit la pluralité, étoit ensuite ordonné par deux ou par trois évêques. (D. J.)