L’Encyclopédie/1re édition/JUIN

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JUIN, s. f. (Hist. anc. & mod.) en latin Junius, que quelques-uns dérivent de Junon, à Junone ; Ovide le croit ainsi, car il fait dire à cette déesse :

Junius à nostro numine, nomen habet.

Le premier jour de Juin, les Romains faisoient quatre fêtes, l’une à Mars hors de la ville, parce qu’en tel jour F. Quintius, duumvir des sacrifices, lui avoit dédié un temple hors de la porte capène, La seconde fête regardoit Carna, en mémoire du temple que Junius Brutus lui consacra sur le mont Célius, après avoir chassé Tarquin. La troisieme fête se faisoit à la gloire de Junon, surnommée moneta, pour accomplir un vœu qu’avoit fait Camille de lui bâtir un temple. La quatrieme fête étoit consacrée à la Tempête, & fut instituée du tems de la seconde guerre punique. Parcourons les autres jours de Juin.

Le iij. des nones étoit dédié à Bellone, & le jour suivant à Hercule dans le cirque.

Le jour des nones, ou le cinquieme du mois, on sacrifioit au dieu Fidius, à qui les Romains bâtirent un temple sur le mont Quirinal.

Le vij. des ides, ou le septieme du mois, les pêcheurs faisoient les jeux piscatoriens au-delà du Tibre.

Le vj. des ides, ou le huitime du mois, étoit la fête de la déesse Mens, c’est-à-dire de la déesse de l’entendement. Ce jour-là on sacrifioit solemnellement à cette déesse dans le capitole, où Otacilius Crassus, préteur lors de la seconde guerre punique, lui dédia un temple, après la défaite du consul C. Flaminius au lac de Thrasimene.

Le v. des ides, ou le neuvieme du mois, les vestales chommoient la fête de leur divinité.

Le iv. des ides, ou le dixieme du mois, étoit la fête des Matutales, en l’honneur de la déesse Matuta, que les Grecs appelloient Leucothéa. Le même jour étoit dédié à la Fortune.

Le iij. des ides, ou le onzieme du mois, tomboit la fête de la Concorde.

Le xiij. qui étoit le jour des ides, arrivoit la fête de Jupiter, invictus, ou l’invincible, à qui l’empereur Auguste crut devoir dédier un temple, en mémoire des victoires qu’il avoit remportées. On célébroit ce même jour la fête de Minerve, appellée quinquatrus minores, qui étoit la fête des ménétriers.

Le xvij. des calendes de Juillet, ou le quinze du mois de Juin, on transportoit les immondices du temple de Vesta dans le Tibre, & cette cérémonie donnoit lieu à une fête particuliere.

Le xvj. des calendes, ou le dix-huitieme du mois, on faisoit la fête de la dédicace du temple de Pallas sur le mont Aventin.

Le xij. des calendes, ou le vingt de Juin, venoit la fête du dieu Summanus, en mémoire de la dédicace du temple faite en son honneur pendant la guerre de Pyrrhus.

Le x. des calendes, ou le vingt-deux du mois, passoit pour un jour funeste, parce que Titus Flaminius fut vaincu ce jour-là par les Carthaginois.

Le viij. des calendes, ou le vingt-quatre, étoit la Fortune forte. Ce jour-là Syphax fut défait par Massinissa, & le même jour fut appellé dies fortis fortunæ, parce que Servius lui avoit dédié un temple hors de la ville, au-delà du Tibre. Les artisans & les esclaves, couronnés de fleurs, alloient se promener en bateaux sur la riviere, se régaler & se divertir.

Le v. des calendes, ou le vingt-sept du mois, se consacroit à Jupiter stator.

Le iv. des calendes, ou le vingt huit du mois, venoit la fête des dieux Lares.

Le iij. des calendes, ou le vingt-neuf du mois, étoit voué à Quirinus ou à Romulus, pour la dédicace de son temple au mont Quirinal.

Le dernier jour de Juin étoit consacré à Hercule & aux Muses.

Les jeux olympiques, si fameux dans toute la Grece, commençoient au mois de Juin Les Athéniens, qui le nommoient Ἑκατομβαιὼν, le solemnisoient par la fête des Hécatombes, & ensuite par la fête des Istéries. Le huitieme du même mois ils célébroient la mémoire de l’entrée de Thésée dans leur capitale, & le douzieme ils célébroient les chronies en l’honneur de Saturne.

Les Béotiens faisoient vers le même tems les jeux de l’hippodromie ou des courses de chevaux ; mais la plus illustre des fêtes de la Grece, étoit celle des grandes panathénées, qui avoit lieu tous les cinq ans, qui étoit indiquée au 28 Juin. Voyez Panathénées.

Voici comme Ansone personnifie ce mcis, dont Mercure étoit la divinité tutélaire. « Juin, dit-il, va tout nud, nous montre du doigt un horloge solaire, pour signifier que le soleil commence à descendre. Il porte une torche ardente & flamboyante, pour marquer les chaleurs de la saison, qui donne la maturité aux fruits de la terre. Derriere lui est une faucille ; cela veut dire qu’on commence dans ce mois à se disposer à la moisson. Enfin on voit à ses piés une corbeille remplie des plus beaux fruits qui viennent au printems dans les pays chauds ».

C’est le sixieme mois de notre année. Le soleil entre au signe du cancer ; c’est dans ce mois qu’arrive le solstice d’été, & que les jours sont les plus longs ; ils commencent à décroître vers la fin. Voyez Solstice. (D. J.)