L’Encyclopédie/1re édition/JAVA

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 469-470).
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JAVA, (l’Isle de) Géog. nom de deux îles de la mer des Indes, dont l’une est appellée la grande Java, & l’autre la petite Java, ou Bali.

La grande Java a au N. O. l’île de Sumatra, dont elle est séparée par le détroit de la Sonde, au N. les îles de Banea & de Bornéo, au N. E. l’île de Madura, à l’E. celle de Bali, & au S. la mer des Indes, qui la sépare de la terre d’Endraght, ou de la Concorde.

Les anciens ont connu l’île de Java, c’est la Ἰαβαδίου, Jaba diu de Ptolomée : ce mot diu, qui dans le langage des Indiens, veut dire une île, nous fait connoître que l’île de Java portoit déjà le même nom qu’aujourd’hui du tems de cet auteur, & c’est une chose bien remarquable. Ptolomée ajoute, que Jaba diu, signifie l’île de l’Orge, & l’on sait qu’il y vient très-bien, quoique les naturels du pays y cultivent le riz par préférence, s’étant accoutumés à cette nourriture, de même que les étrangers qui viennent l’habiter.

Il semble que les habitans de Bornéo ayent les premiers découverts cette île ; du-moins ils y ont eu un grand hameau, mais elle est au pouvoir des Hollandois, qui en 1619, ont établi le centre de leur commerce à Batavia. Cependant ils ne sont pas les uniques souverains de l’île ; elle a ses rois & ses peuples qui sont alliés de la compagnie ; cette compagnie possede la côte du Nord, où elle a bâti de très-bonnes forteresses pour sa défense ; la côte méridionale est occupée par des peuples indomptés, & indépendans, dont le plus puissant est le sourapati ; l’intérieur du pays est sous la domination d’un empereur appellé le Mataram, qui fait sa résidence à Cartasoura.

L’île de Java comprend le royaume de Bantam, le royaume de Jacatra ou de Batavia, la province de Karavang qui appartient en propre à la compagnie, le royaume de Tfieribom qui est considérable ; son roi est indépendant du Mataram, & allié des Hollandois. On trouve ensuite le pays de Tagal, où sont de vastes campagnes de riz, le petit royaume de Gressic qui a son roi particulier le meilleur ami des Hollandois, & le pays de Diapan.

Presque toute la côte méridionale est bornée par une chaîne de montagnes, qui enferme une vaste région presque inaccessible ; c’est entre cette chaîne & la mer, que se trouve le pays de Kadoevang, qui est soumis à l’empereur ; mais cet empereur même ne regne que par la protection que lui donne la compagnie ; à plus forte raison peut-elle compter sur les vassaux de cet empereur. De plus elle ne doit rien craindre des peuples qui sont entre la mer & les montagnes au midi de l’île ; en un mot, elle a par tout la supériorité territoriale, & finalement ce qui lui assure la possession de la grande Java, c’est la conquête qu’elle a fait de l’île de Madura, qui lui est assurée par un traité conclu en 1725, & exécuté jusqu’à ce jour.

L’île de Java en renferme plusieurs autres ; elle est traversée par diverses grandes montagnes, & coupée par quantité de rivieres ; elle produit beaucoup de riz ; on y recueille du poivre, du gingembre, des oignons, de l’ail ; elle abonde en fruits, cocos, mangues, citrons, concombres, citrouilles, bananes, pommes d’or, &c. On n’y manque ni de drogues, ni de gommes, ni d’épiceries ; on y a très abondamment des bêtes domestiques & sauvages, des bœufs, des vaches, des brebis, des chevres, & même des chevaux ; la volaille, les paons, les pigeons, les perroquets y multiplient à souhait.

Les lieux inhabités sont peuplés de tigres, de rinocéros, de cerfs, de bufles, de sangliers, de fouines, de chats sauvages, de civettes, de serpens ; & les rivieres ont des crocodiles très-dangereux pour ceux qui s’y baignent, ou qui se promenent sur le rivage sans précaution. Quelques montagnes de l’île font des volcans, qui jettent bien loin des cendres, des flammes, & de la fumée.

La religion des Javans est la mahométane, que leur a porté un arabe, dont le tombeau est en grande vénération dans le pays. Les Européens y professent comme en Hollande, la religion réformée : Valentin qui a séjourné long-tems dans cette île, en a publié en hollandois la description la plus exacte, mais trop diffuse, & compilée sans ordre ; l’article qu’en a donné M. de la Martiniere, ne laisse rien à desirer.

La grande île de Java gît ès-quart de sud-est, près de l’île de Sumatra, entre le 123 & le 134d de long. & entre le sixieme d de lat. sud pour sa partie la plus septentrionale, & 8 d. 30′. pour sa partie la plus méridionale.

La petite Java s’appelle autrement l’île de Bali, & est située à l’E. de l’île de Java ; elle n’a que douze lieues d’Allemagne de circuit : on remarque au sud de cette île un grand cap très-haut.

Le cap du nord gît par les 8 d. 30′. de lat. sud ; l’île de Bali est très-peuplée ; ses habitans sont idolâtres, noirs, & ont des cheveux crépus ; le pays abonde en coton, en riz, en gros & menu bétail, & en chevaux de la plus petite race ; les fruits les plus communs, sont des noix de coco, des oranges, & des citrons, dont on voit des lieux incultes & des bois tous remplis ; la mer y est des plus poissonneuses ; le prince de Bali exerce sur ses sujets un empire absolu ; son île est une rade commune pour les vaisseaux qui vont aux îles Moluques, à Banda, Amboine, Macassar, Timor, & Solor ; ils viennent tous relâcher ici pour y prendre des rafraîchissemens, à cause de l’abondance & du bon marché des denrées ; la ville capitale de l’île porte aussi le nom de Bali. (D. J.)