L’Encyclopédie/1re édition/JASIDE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 463).
◄  JAS
JASMELÉE  ►

JASIDE, s. m. (Histoire mod.) les jasides sont des voleurs de nuit du Curdistan, bien montés, qui tiennent la campagne autour d’Erzeron, jusqu’à ce que les grandes neiges les obligent de se retirer ; & en attendant ils sont à l’affut, pour piller les foibles caravanes qui se rendent à Téflis, Tauris, Trébizonde, Alep & Tocat. On les nomme jasides, parce que par tradition, ils disent qu’ils croient en Jaside, ou Jesus ; mais ils craignent & respectent encore plus le diable.

Ces sortes de voleurs errans s’étendent depuis Monsul ou la nouvelle Ninive, jusqu’aux sources de l’Euphrate. Ils ne reconnoissent aucun maître, & les Turcs ne les punissent que de la bourse lorsqu’ils les arrêtent ; ils se contentent de leur faire racheter la vie pour de l’argent, & tout s’accommode aux dépens de ceux qui ont été volés.

Il arrive d’ordinaire que les caravanes traitent de même avec eux, lorsqu’ils sont les plus forts ; on en est quitte alors pour une somme d’argent, & c’est le meilleur parti qu’on puisse prendre ; il n’en coute quelquefois que deux ou trois écus par tête.

Quand ils ont consumé les pâturages d’un quartier, ils vont camper dans un autre, suivant toujours les caravanes à la piste, pendant que leurs femmes s’occupent à faire du beurre, du fromage, à élever leurs enfans, & à avoir soin de leurs troupeaux.

On dit qu’ils descendent des anciens Chaldéens ; mais en tout cas, ils ne cultivent pas la science des astres ; ils s’attachent à celle des contributions des voyageurs, & à l’art de detourner les mulets chargés de marchandises, qu’ils dépaysent adroitement à la faveur des ténebres. (D. J.)