L’Encyclopédie/1re édition/JACOBITE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 430).
◄  JACOBINS
JACOBSTADT  ►

JACOBITE, s. m. (Hist. d’Angl.) c’est ainsi qu’on nomma dans la grande Bretagne, les partisans de Jacques II. qui soutenoient le dogme de l’obéissance passive, ou pour mieux m’exprimer en d’autres termes, de l’obéissance sans bornes. Mais la plûpart des membres du parlement & de l’église anglicane, penserent avec raison, que tous les Anglois étoient tenus de s’opposer au roi, dès qu’il voudroit changer la constitution du gouvernement ; ceux donc qui persisterent dans le sentiment opposé, formerent avec les Catholiques, le parti des Jacobites.

Depuis, on a encore appellé Jacobites, ceux qui croyent que la succession du trone d’Angleterre ne devoit pas être dévolue à la maison d’Hanovre ; ce qui est une erreur née de l’ignorance de la constitution du royaume.

On peut faire actuellement aux Jacobites, soit qu’ils prêtent serment, ou n’en prêtent point, une objection particuliere, qu’on ne pouvoit pas faire à ceux qui étoient ennemis du roi régnant, dans le tems des factions d’Yorck & de Lankastre. Par exemple, un homme pouvoit être contre le prince, sans être contre la constitution de son pays. Elle transportoit alors la couronne par droit héréditaire dans la même famille ; & celui qui suivoit le parti d’Yorck, ou celui qui tenoit le parti de Lankastre, pouvoit prétendre, & je ne doute pas qu’il ne prétendît, que le droit ne fût de son côté. Aujourd’hui les descendans du duc d’Yorck sont exclus de leurs prétentions à la couronne par les lois, de l’aveu même de ceux qui reconnoissent la légitimité de leur naissance. Partant, chaque Jacobite actuellement est rébelle à la constitution sous laquelle il est né, aussi bien qu’au prince qui est sur le trone. La loi de son pays a établi le droit de succession d’une nouvelle famille ; il s’oppose à cette loi, & soutient sur sa propre autorité, un droit contradictoire, un droit que la constitution du royaume a cru devoir nécessairement éteindre. (D. J.)