L’Encyclopédie/1re édition/JABOT

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 426-427).
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JABOT, s. m. (Ornithol.) ingluvies, colum, poche membraneuse située près du cou des oiseaux, & au bas de leur œsophage.

Tous les oiseaux ont un élargissement au bas de l’œsophage, qu’on appelle le jabot, qui leur sert pour garder quelque tems la nourriture qu’ils ont avalée sans mâcher, avant que de la laisser entrer dans le ventricule.

Les Physiologistes donnent trois usages apparens à ce sac ; le premier de disposer la nourriture à la digestion ; le second de la serrer quelque tems, afin que le ventricule ne s’emplisse pas trop, dans les occasions où les oiseaux trouvent & amassent plus de nourriture que leur estomac n’en doit tenir pour la pouvoir bien digérer ; le troisieme de réserver cette nourriture pour la porter à leurs petits.

Les pigeons ont ce jabot fort ample ; ils l’enflent & l’élargissent extraordinairement, pour un autre usage que celui de réserver une grande quantité de nourriture ; car l’air qu’ils attirent pour la respiration, entre aussi dans le jabot, & gonflant cette partie, produit la grosse gorge, qui est particuliere aux pigeons. Quelques anatomistes prétendent avoir trouvé dans la trachée artere des pigeons, le conduit par lequel l’air entre dans leur jabot.

L’onocrotale a un grand sac fait par l’élargissement de son œsophage, qu’on lui voit pendu en-devant, depuis le dessous du bec, jusqu’au bas du col ; en cet endroit la peau n’est point garnie de plumes, mais seulement d’un duvet très-court, arrangé en long sur l’éminence de chacune des rides que ce sac fait en se pliant comme une bourse.

Le jabot du coroman, dont l’œsophage souffre une dilatation pareille à celle de l’œsophage de l’onocrotale, est plus caché, étant recouvert de plumes à l’ordinaire ; ces sacs servent à l’un & à l’autre de ces deux especes d’oiseaux, à recevoir les poissons qu’ils avalent fort grands, & tout entiers.

Quand les hérons veulent manger des moules, ils les avalent avec leurs coquilles ; & lorsqu’ils sentent qu’elles sont ouvertes, par la chaleur qui a relâché les ressorts de leurs muscles, ils les vomissent pour en manger la chair. Il y a apparence que c’est le jabot qui leur sert à cet usage, sa chaleur étant suffisante pour faire ouvrir les moules.

Les singes ont dans la bouche des poches aux deux côtés de la mâchoire où ils serrent tout ce qu’ils veulent garder ; on dit aussi qu’il y a un poisson qui a comme le singe, ce sac dans la gueule, où ses petits viennent se jetter quand ils ont peur. (D. J.)