L’Encyclopédie/1re édition/J

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 425).
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j, s. m. c’est la dixieme lettre & la septieme consonne de l’alphabet françois. Les Imprimeurs l’appellent i d’Hollande, parce que les Hollandois l’introduisirent les premiers dans l’impression. Conformément au système de la Grammaire générale de P. R. adoptée par l’auteur du Bureau typographique, le vrai nom de cette lettre est je, comme nous le prononçons dans le pronom de la premiere personne : car la valeur propre de ce caractere est de représenter l’articulation sifflante qui commence les mots Japon, j’ose, & qui est la foible de l’articulation forte qui est à la tête des mots presque semblables, chapon, chose. J est donc une consonne linguale, sifflante, & foible. Voyez au mot Consonne, le système de M. du Marsais sur les consonnes, & à l’article h, celui que j’adopte sur le même sujet.

On peut dire que cette lettre est propre à l’alphabet françois, puisque de toutes les langues anciennes que nous connoissons, aucune ne faisoit usage de l’articulation qu’elle représente ; & que parmi les langues modernes, si quelques-unes en font usage, elles la représentent d’une autre maniere. Ainsi les Italiens, pour prononcer jardins, jorno, écrivent giardino, giorno. Voyez le Maître italien de Veneroni, p. 9. édit. de Paris 1709. Les Espagnols ont adopté notre caractere, mais il signifie chez eux autre chose que chez nous ; hijo, fils, Juan, Jean, se prononçant presque comme s’il y avoit ikko, Khouan. Voyez la Méthode espagnole de P. R. p. 5. édit. de Paris, 1660.

Les maîtres d’écriture ne me paroissent pas apporter assez d’attention pour différencier le j capital de l’i : que ne suivent-ils les erremens du caractere courant ? L’i ne descend pas au-dessous du corps des autres caracteres, le j descend : voilà la regle pour les capitales. Article de M. Beauzée.

* j, (Ecriture.) nous avons aussi dans l’écriture, ainsi que dans l’impression, un j consonne & un i voyelle ; & dans chacun de ces caracteres, un i consonne ou voyelle, coulé ; un aigu, un rond. Après avoir expliqué la formation du g, nous n’avons rien à dire de la formation de l’j consonne, qui n’en est qu’une portion. Pour l’i voyelle coulé, il se forme d’un trait plus droit & d’un angle de plume moins obtus que l’i italien, & celui-ci d’un trait plus droit & d’un angle de plume moins obtus que le rond. On n’emploie à tous que le mouvement simple des doigts mus dans une direction verticale, mais un peu plus ou un peu moins inclinée de droit à gauche. A la partie inférieure de cette lettre, le poignet agit de concert avec les doigts. Voyez nos Planches d’Ecriture.