L’Encyclopédie/1re édition/ISOLÉ, ISOLER

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 927).
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* ISOLÉ, ISOLER, (Gramm.) c’est séparer du reste, rendre seul. On isole un corps des autres ; un bâtiment du reste d’une habitation, une statue dans un jardin, une figure sur un tableau, une colonne du mur, &c.

Un homme isolé est un homme libre, indépendant, qui ne tient à rien. On s’épargne bien des peines ; mais on se prive de beaucoup de plaisirs en s’isolant. Y a-t-il plus à gagner qu’à perdre ? je n’en sais rien. L’expérience m’a appris qu’il y a bien des circonstances ou l’homme isolé devient inutile à lui-même & aux autres : si le danger le presse, personne ne le connoît, ne s’intéresse à lui, ne lui tend la main. Il a négligé tout le monde, il ne peut dans le besoin solliciter pour personne.

Les connoissances prennent beaucoup de tems ; mais on les trouve dans l’occasion. On est tout à soi dans la solitude ; mais on est seul dans le monde.

En ne se montrant point, on laisse aux autres la liberté de nous imaginer comme il leur plaît ; & c’est un inconvénient ; on risque tout à se montrer. Il vaut encore mieux qu’ils nous imaginent comme nous ne sommes pas, que de nous voir comme nous sommes.

En vous répandant, vous vous attacherez aux autres, les autres à vous ; vous ferez corps avec eux, on vous rompra difficilement ; en vous isolant, rien ne vous fortifiera, & il en sera d’autant plus aisé de vous briser.

Isolé, adj. (Hydr.) se dit d’un bassin de fontaine détaché d’un mur, & autour duquel on peut tourner ; on le dit de même d’un pavillon, d’une figure qui se voit de tous côtés, & qui ne tient à rien.