L’Encyclopédie/1re édition/ISÉLASTIQUES, Jeux

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 911).
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ISÉLASTIQUES, Jeux, (Gymnast. athlétiq.) iselastica certamina, jeux publics des Grecs & des Romains, où les athletes vainqueurs avoient droit d’entrer en triomphe, non par la porte, mais par une breche, dans la ville de leur naissance : ce mot derive du grec εἰσελαύνειν, être conduit en triomphe ; de là vient qu’on surnommoit un athlete qui avoit obtenu cet honneur, athlete isélastique.

Il jouissoit encore de toute ancienneté, du privilege d’être nourri le reste de ses jours aux dépens de sa patrie. Toutefois dans la suite des tems leurs victoires se multipliant aussi-bien que les jeux, on fut obligé de resserrer dans les bornes de la médiocrité cette dépense, qui devenoit fort à charge à l’état. Solon, par cette considération, réduisit la pension d’un athlete vainqueur aux jeux olympiques, à 500 drachmes ; celle d’un vainqueur aux jeux isthmiques, à 100 drachmes, & ainsi des autres proportionnellement.

Les empereurs romains conserverent ces sortes de graces aux athletes ; mais Trajan leur eut à peine confirmé ce privilege en faveur de quelques jeux institués ailleurs qu’à Olympie, qu’il s’éleva deux difficultés, sur lesquelles Pline le jeune se vit obligé de consulter le prince. Il s’agissoit de sçavoir, 1°. si les athletes isélastiques jouiroient de leurs privileges à compter du jour de leur victoire ou du jour de leur triomphe ; 2°. si ces mêmes privileges leur étoient acquis par une victoire remportée dans des jeux qui n’étoient point encore isélastiques, mais qui l’étoient devenus depuis.

Trajan répondit en ces termes à ces deux questions : Iselasticum tunc primùm mihi videtur incipere debere, quùm quis in civitatem suam ipse εἰσέλασιν. Obsonia corum certaminum, quæ iselastica non fuerunt, retro non debentur ; c’est-à-dire que les athletes victorieux ne jouiroient de leur pension que du jour de leur entrée triomphale dans leur patrie, & seulement pour la victoire remportée dans les jeux actuellement isélastiques. Remarquez que Trajan ne dit point j’entends, je veux, j’ordonne, mais il me semble que telle chose doit être ainsi, mihi videtur : il décide en philosophe qui craint de se tromper. (D. J.)