L’Encyclopédie/1re édition/INTOLÉRANT

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 844).

INTOLÉRANT, s. m. (Morale.) L’intolérant ou le persécuteur, est celui qui oublie qu’un homme est son semblable, & qui le traite comme une bête cruelle, parce qu’il a une opinion différente de la sienne. La religion sert de prétexte à cette injuste tyrannie, dont l’effet est de ne pouvoir souffrir une façon de penser différente de la sienne, tandis que sa véritable source vient de l’aveuglement, de la présomption, & de la méchanceté du cœur humain. Elle est si grande cette méchanceté, que tout homme de lettres, qui cherche ici bas le repos, doit sans cesse prier Dieu de lui faire trouver grace auprès des intolérans ; ceux de cet ordre ne sont pas d’ordinaire les plus habiles, & les plus zelés ne sont pas toujours les plus gens de bien ; mais les gouverneurs des états doivent tenir pour bons sujets tous les habitans pacifiques. Un seul est notre docteur, savoir Jesus-Christ, & nous sommes tous freres, dit l’Ecriture. (D. J.)

L’intolérant doit être regardé dans tous les lieux du monde comme un homme qui sacrifie l’esprit & les préceptes de sa religion à son orgueil ; c’est le téméraire qui croit que l’arche doit être soutenue par ses mains ; c’est presque toujours un homme sans religion, & à qui il est plus facile d’avoir du zele que des mœurs. Voyez Intolérance & Tolérance.