L’Encyclopédie/1re édition/INTESTINALE, Fievre

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 842).

INTESTINALE, Fievre, (Médec.) febris intestinalis, nom donné par Heister à une espece particuliere de fievre que quelques-uns nomment mal-à-propos mésentérique, & que Sydenham appelle febris nova. Elle n’est cependant pas nouvelle dans le monde. C’est une fievre aiguë, toujours accompagnée de diarrhée salutaire, & qu’il est dangereux d’arrêter ; cette fievre n’étoit pas inconnue à Hippocrate, aux Grecs des derniers âges, à Celse, & parmi les modernes à Duret, Sennert, Forestus, Riverius, Etmuller, Baglivi, Stahl, Hoffman, & Lancisi ; mais ils en ont parlé imparfaitement à tous égards.

La plupart d’entre eux l’ont mise au rang des fievres malignes, à cause de la violence de ses symptomes naturels, ou occasionnés par un mauvais traitement ; mais c’est plutôt une sorte de fievre diarrhétique, dont le siege est dans les intestins, ou du moins dont la matiere est plus convenablement & plus sûrement évacuée par cette voie que par toute autre.

Les symptomes ordinaires caractéristiques de cette espece de fievre, sont de fréquens frissons, qui reviennent irrégulierement par intervalles au commencement de la maladie ; la langue est teinte de saletés d’un jaune noirâtre ; les hypochondres sont distendus, & souvent douloureux ; le malade éprouve de fréquens tremblemens en dormant ; la tête & le col souffrent aussi ; la diarrhée d’une très-mauvaise odeur, accompagne toujours cet état ; les urines sont troubles, & déposent un sédiment bourbeux.

A ces symptomes, se joignent quelquefois de violentes anxiétés, de grandes douleurs d’estomac, d’hypochondres, une vive chaleur interne, des tremblemens convulsifs, des soubresauts de tendons, la prostration des forces, le hoquet, les sueurs froides, & autres tristes présages de la mort.

La méthode curative rejette les échauffans, les sudorifiques, les cathartiques, & même les diaphorétiques ; elle adopte les minoratifs, qui operent sans violence & sans irritation ; elle exige les boissons délayantes, lubréfiantes, adoucissantes, d’orge, de gruau, d’avoine & autres semblables, le nitre, les ascescens tirés des végétaux, & de leurs graines. Les émétiques sont nécessaires, lorsque des envies de vomir accompagnent le cours de ventre. En un mot, il faut détacher, évacuer, & corriger entierement les humeurs dépravées qui se portent dans l’estomac & dans les entrailles : mais comme la cure de cette maladie est la même que celle des fievres cathartiques & stercorales, voyez ces deux mots, où nous sommes entrés dans de plus grands détails. (D. J.)