L’Encyclopédie/1re édition/INDES, Compagnie Danoise des

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 665-667).

Indes Orientales, compagnie des…… en Danemark, (Commerce.) Je me propose de tracer ici l’établissement, les vicissitudes & l’état présent de la compagnie des Indes orientales en Danemark : ce sera l’extrait fort abrégé d’un mémoire très-curieux sur ce sujet, que M. le comte d’Eckelbath, ci-devant ministre de S. M. D. en France, a bien voulu me communiquer, & pour lequel je lui renouvelle mes remerciemens.

Chrétien IV, roi de Danemark, voyant les avantages que des puissances voisines tiroient de la navigation de l’Inde, résolut d’encourager ses sujets à entreprendre ce même commerce : il y réussit, & il se forma sous ses yeux la premiere compagnie des Indes Orientales en Danemark, à laquelle il donna, par sa déclaration du 17 Mars 1616, un octroi pour 12 ans, lui accorda un privilege exclusif, lui fit présent des bâtimens nécessaires pour servir de magasins, lui permit d’employer des pilotes & des matelots de sa flotte, s’intéressa dans cette compagnie, & engagea les seigneurs de sa cour d’en faire autant, en assignant une part sur leurs appointemens pour être jointe au fonds de la compagnie.

Comme on s’occupoit à équiper trois vaisseaux, qui devoient partir pour les Indes sous la conduite de Roland Crape, & pour tenter d’obtenir de quelque prince indien la permission de fonder un établissement sur la côte de Coromandel ; un évenement favorable augmenta les espérances de l’entreprise.

Jean de Wesseck, directeur du comptoir hollandois de Caliacatta & de la côte de Coromandel, envoya en 1611 Marcellus Bosckhouwer, son facteur, à Ceylon, muni de lettres de créance du prince Maurice d’Orange & des états généraux, pour y négocier un traité de commerce avec l’empereur de Candy, le premier & le plus puissant des rois de Ceylon. Sa négociation fut heureuse, il la termina favorablement ; mais quand il voulut s’en retourner, l’empereur, qui l’affectionnoit, lui en refusa la permission, sous prétexte qu’il devoit rester en sa cour, en qualité de ministre ou d’otage, jusqu’à ce que sa nation eût rempli les conditions du traité, & fourni les troupes & l’artillerie stipulées pour chasser les Portugais de son empire. Cependant les Hollandois, déja assez occupés de leurs guerres dans l’Inde, négligerent cette affaire, & le secours promis n’arriva point.

Pendant ce tems-là Bosckhouwer s’avançoit toujours dans les bonnes graces de l’empereur Cenuwieraat Adascyn, qui l’élevoit aux plus grandes dignités. Il fut fait prince de Migomme, de Kokelecor, d’Anangepare & de Mivitigale, chevalier de l’ordre du soleil d’or, président du conseil de guerre, premier ministre de toutes les affaires, & amiral général des forces maritimes. Tel est le titre fastueux qu’il se donne dans sa lettre écrite au roi Chrétien IV, datée du cap de Bonne-Espérance le 27 Juillet 1619.

Bosckhouwer passa quatre années à la cour de Candy ; mais voyant que les Hollandois ne pensoient plus à lui, & s’ennuyant d’un esclavage honorable, il persuada l’empereur de lui permettre d’aller lui-même hâter le secours promis, & au cas qu’il ne pût l’obtenir des Hollandois, d’en traiter avec d’autres nations. L’empereur lui fit expédier des pleins pouvoirs pour toutes les puissances avec lesquelles il jugeroit à-propos de négocier, & Bosckhouwer, chargé de ses lettres, partit de l’isle de Ceylon en 1615.

Il se rendit d’abord aux établissemens des Hollandois dans l’Inde ; mais les trouvant par-tout en guerre, & par conséquent hors d’état de faire une nouvelle entreprise, il passa la même année en Europe, & arriva en Hollande. La métamorphose d’un facteur en prince, les airs qu’il se donnoit, & le cérémonial qu’il exigeoit, déplurent à la compagnie des Indes & à ses anciens maîtres. Il en fut piqué ; & apprenant qu’on travailloit en Danemark à l’établissement d’une nouvelle compagnie des Indes, il partit pour Copenhague, & y arriva au mois de Juin 1617 avec sa femme, dite la princesse de Migomme.

Bosckhouwer fut bien reçu du roi de Danemark, qui accepta la proposition d’un traité avec l’empereur de Candy, & le signa le 2 d’Août 1618. En conséquence sa majesté fit armer deux vaisseaux de guerre, l’Elephant & le Christian, avec la Yacht l’Oresund, & en donna le commandement à Ove Giedde, alors âgé de 26 ans, qui mourut en 1661 amiral & sénateur du royaume. La compagnie arma de son côté le David, la Patience & le Copenhague. Tous ces vaisseaux partirent du Sond le 29 Novembre 1618, & firent route ensemble jusqu’au-delà du cap de Bonne-Espérance, où Roland Crape se sépara de M. de Giedde, & se rendit avec les trois vaisseaux de la compagnie, sur la côte de Coromandel, pour laquelle il étoit destiné.

Après une navigation fort pénible, M. de Giedde arriva le 16 Mai 1620 sur les côtes de Ceylon, & le 12 Juin il jetta l’ancre au port de Cotjares, situé dans la baie de Trinquemale. Les Portugais, qui vouloient encore faire les maîtres de la mer de l’Inde, lui avoient enlevé le Yacht l’Oresund. Mais ce qui dérangea le plus cette expédition, ce fut le décès de Bosckhouwer, qui, après avoir doublé le cap, mourut à bord de M. de Giedde.

L’empereur de Candy reçut d’abord assez bien les Danois, & fit rendre plusieurs honneurs à leur amiral ; mais ayant appris la mort de son ministre, que selon les apparences on avoit eu soin de lui cacher en arrivant, il changea de sentiment, refusa de ratifier le traité, & accusa Bosckhouwer d’avoir passé les bornes de son pouvoir, & d’avoir promis au delà de ce qu’il étoit possible d’exécuter. Les Portugais de leur côté appuyerent sous main les sentimens de l’empereur, & lui offrirent leur assistance en cas que ces nouveaux hôtes voulussent entreprendre de le chagriner.

M. de Giedde, après être resté quatre mois sans fruit à Ceylon, partit du port de Cotjares, & arriva à Tranquebar, sur la côte de Coromandel, le 25 d’Octobre 1620. En quittant la rade, il eut le malheur de voir son vaisseau le Christian toucher & s’engrever tellement, qu’il fut obligé de l’abandonner. Les Portugais en profiterent, & garnirent des canons qu’ils tirerent de ce navire, un fort qu’ils construisirent dans la baie de Trinquemale immédiatement après le départ des Danois.

Roland Crape, pendant ce tems-là, avoit fait son trajet fort heureusement. Arrivé à la côte de Coromandel, il s’arrêta devant Carikal, ville maritime du Tanjour, y mit pié à terre, & se rendit auprès du Naïcke, ou prince Malabare, nommé Ragounade, duquel il obtint en propre pour la compagnie, le village de Trangambar, aujourd’hui Tranquebar, à un mille & demi au nord de Carikal. Il y fit bâtir des habitations & un comptoir en maçonnerie, qu’il assura du côté de la terre par deux bastions garnis de fauconneaux, & enferma la place d’un bon mur. Il jetta encore les fondemens d’une citadelle à quatre bastions, & lui donna le nom de Dansborg. Elle a été achevée, & se trouve aujourd’hui (1758) dans un très-bon état.

Après avoir pris tous ces arrangemens, pourvu à la sûreté de la colonie, & fait prêter le serment à Roland Crape & aux autres officiers, il mit à la voile avec le vaisseau l’Eléphant, resta quelque-tems sous Ceylon, arriva à la rade de Copenhague le 30 Mars 1622, & y fut suivi un mois après par le vaisseau le David, capitaine Niels Rosemkranz, chargé pour le compte de la compagnie.

Ce commerce naissant donna d’abord quelque jalousie aux Hollandois, & les états généraux défendirent à tous leurs sujets de s’y intéresser, sous peine de confiscation de leurs biens. Cependant, sur les représentations de M. Carisius, ministre du roi de Danemark, il fut sursis à l’exécution de ces ordonnances, & on lui déclara qu’on agiroit là-dessus d’accord avec les Anglois, & qu’on suivroit leur exemple. Le ministre résident du roi à Londres, le sieur Sinkler, soutenu par M. Carisius, qui y passa en 1619, firent si bien auprès du roi Jacques I. qu’il donna permission à tous ses capitaines expérimentés dans la navigation, aux pilotes & aux matelots de s’engager au service de la compagnie danoise lorsqu’elle pourra en avoir besoin.

Toutefois comme le fonds de la compagnie n’étoit encore en 1624 que de 189614 reichsdahlers, cette somme se trouva presque absorbée par les acquisitions & les établissemens aux Indes ; de sorte que le roi soutint lui seul la dépense de ce commerce à ses propres frais pendant plusieurs années.

En 1639 il nomma quatre directeurs, du nombre desquels étoit Roland Crape & Guillaume Leyel, natif d’Elsenoër, qui avoit longtems parcouru la Perse & les Indes. Cette nouvelle direction expédia deux vaisseaux, le Soleil, commandé par Clans Rytter, & le Christianshaven par M. Leyel ; mais l’un de ces deux vaisseaux périt aux Dunes à son retour en 1644, & l’autre fut jetté aux isles Canaries, où le gouverneur espagnol s’en empara.

Leyel ayant cependant trouvé le moyen de se rendre à Tranquebar, acheva les fortifications de Dansborg, continua avec les trois vaisseaux qu’il avoit, le commerce de Ceylon & autres endroits de l’Inde ; accueillit les Portugais, qui, expulsés & pourchassés par les Hollandois, se réfugioient à Tranquebar, & leur permit d’y bâtir une église. Il manda ces petits succès en cour, & fit dans ses derniers rapports, datés du 15 Novembre 1646, des mémoires qui marquoient beaucoup de connoissances & de lumieres. Mais le roi Chrétien IV. décéda le 28 Février 1648, & les guerres occuperent trop le commencement de Fréderic III. pour qu’on pensât à Copenhague aux affaires de Tranquebar.

Leyel mourut peu de tems après. Ses successeurs se brouillerent avec le Naïck de Tanjour, qui en 1648, mit le siége devant Tranquebar, afin de venger un more employé à la douane, & chassé pour ses malversations. Cependant on trouva le moyen d’appaiser le Naïck ; mais la colonie dépérissoit sans ressource faute de secours d’Europe, & ne se soûtenoit que par un petit commerce avec l’intérieur du pays, ayant des démêlés continuels avec les Indiens pour celui de Bellesor ; en un mot, les Danois s’y éteignirent peu-à-peu, de sorte qu’en 1665, il n’en resta vivant qu’un seul homme, Eskild Andersen, qui de canonnier qu’il avoit été, fut proclamé commandant par les habitans. Celui-ci engagea un sergent, nommé Gert von Hagen, qui servoit alors à Nagapatnam, de porter en Danemark le triste tableau de leurs miseres ; c’est ce qu’il exécuta fidellement.

Il arriva à Copenhague en 1668, & ses dépêches disposerent le roi Fréderic III. à faire équiper une frégate pour y transporter une centaine de personnes. Henri Eggers fut envoyé en qualité de commandant. La frégate mouilla heureusement devant Tranquebar en 1669, & y fut reçue avec une joie inexprimable ; mais cette petite recrue ne put rétablir un commerce qui étoit éteint.

Cependant au commencement du regne de Chrétien V. il se forma une nouvelle compagnie des Indes, qui, le 28 Novembre 1670, obtint un octroi pour 40 ans. Le fonds de cette compagnie consistoit en vaisseaux & effets, dont S. M. lui fit présent, estimés 79073 reichsdahlers. Les intéressés y ajoûterent pour premier paiement la somme de 162800 écus de banque.

En 1673 la compagnie commença à expédier ses vaisseaux pour l’Inde. Les premieres années furent assez favorables. En 1680 on avoit partagé entre les intéressés, tous frais faits, 48840 écus ; mais ensuite la perte du vaisseau le Dansborg, qui périt sous les isles de Ferroë, & qu’on n’avoit pas fait assurer, fit tomber ses actions : les intéressés augmenterent néanmoins leur fonds de 12 pour cent, 20963 écus de banque. Enfin leur commerce essuya un échec terrible en 1682, par la perte de la loge de Bantam, où les Hollandois avoient tellement gagné le dessus, qu’ils en avoient expulsé les Danois aussi bien que les Anglois.

Le roi, pour relever le courage abattu de la malheureuse compagnie, lui fit présent en 1685 de quatre frégates, & envoya à Tranquebar, en qualité de son commissaire, Wulff Henri de Callnein, lieutenant-colonel d’infanterie. Cet officier remporta de grands avantages dans la guerre que la colonie eut à soûtenir contre les Mores, & depuis 1688 jusqu’en 1698, les intéressés eurent un revenant-bon de 217747 écus. Dans la même année 1698, la paix se conclut avec les mores de Bengale ; & le roi, pour animer le commerce de l’Inde, prolongea pour 40 ans l’octroi donné en 1670 ; ce qui fut confirmé par Fréderic IV.

Depuis 1699 jusqu’en 1709, le négoce de l’Inde rendit encore 189665 écus, ensuite il tomba totalement. La peste, la guerre, les troubles dans l’Inde, le second siége que le Naïck de Tanjour mit devant Tranquebar en 1698, la mauvaise conduite de plusieurs officiers & employés, la perte de 13 de ses vaisseaux, & sur-tout celle de la plûpart de ses établissemens, acheverent de ruiner la compagnie, au point que ne pouvant plus se soûtenir, & ne voyant pas de moyens de se relever, les intéressés abandonnerent entierement le négoce de l’Inde en 1729, & se séparerent en 1730, en remettant au roi son octroi, qui avoit encore 20 ans à courir. Fréderic IV. fut le seul qui ne perdit point courage. Il tenta de faire continuer un commerce qu’il ne voyoit abandonné par ses sujets qu’avec beaucoup de regret ; & quelques particuliers s’étant associés de nouveau par ses pressantes sollicitations, il leur fit expédier une permission d’envoyer deux vaisseaux à Tranquebar, & les deux vaisseaux mirent à la voile.

Jusqu’ici la compagnie danoise s’étoit bornée au commerce de l’Inde, sans avoir essayé en droiture celui de la Chine, qui, depuis qu’il est connu, a toûjours passé pour le plus riche de tous ceux de l’Asie. Cette même année un nommé Pieter Baschers, natif de Bremen, qui avoit longtems vécu dans l’Inde, vint à Copenhague, & présenta un plan pour former ce commerce, & le réunir avec celui de Tranquebar. Ses propositions furent goûtées, & S. M. accorda à ceux qui s’y intéresseroient deux octrois, l’un du 10 Février, & l’autre du 15 Mars 1730. On dressa la maniere de former les souscriptions, & les associés de l’année précédente eurent la préférence d’y prendre telle part qu’il leur plairoit.

Le feu roi de Danemark, alors prince royal, non-seulement s’intéressa dans ce commerce, mais, pour l’animer encore davantage, il s’en déclara le directeur. On tint une assemblée générale en sa présence, & on y élut du nombre des intéressés, huit syndics (committirse) pour avoir soin de l’intérêt de la société. Les souscriptions s’étant bientôt remplies, on fit partir pour la Chine le Prince Royal, commandé par le capitaine Tonder, aujourd’hui vice amiral, & pour Tranquebar les vaisseaux Fréderic IV. & le Lion d’or. Bientôt après on expédia deux autres vaisseaux pour Tranquebar ; savoir, la Reine Anne-Sophie & la Wendela : tous ces vaisseaux revinrent heureusement à Copenhague, excepté le Lion d’or, qui échoua sur les côtes d’Irlande.

Ces premiers arrangemens ayant réussi, & leur retour ayant justifié les avantages qu’on pourroit tirer du commerce de la Chine, le prince royal devenu roi sous le nom de Chrétien VI, crut devoir former une compagnie plus étendue, & plus en état de continuer la navigation de l’Inde & de la Chine. Pour cet effet S. M. expédia le 12 Avril 1732, un octroi de 40 ans à la compagnie, lui accorda, avec le titre de compagnie royale des Indes, des prééminences, priviléges & franchises, & ordonna que les intéressés des sociétés de l’an 1729, 1730 & 1731 y seroient admis préférablement.

Ces anciens intéressés & les nouveaux s’unirent, & convinrent d’un réglement, qui prescriroit les opérations de la compagnie. Ensuite on tint une assemblée générale, dans laquelle on élut pour président Chrétien-Louis de Plessen, ministre d’état, & on lui adjoignit quatre directeurs & cinq hauts-participans pour former la direction, pourvoir aux besoins, & veiller au maintien, à la sûreté & aux avantages de la société.

C’est ainsi que se forma en 1732 la compagnie royale danoise des Indes orientales & de la Chine, continuée jusqu’à présent. Son commencement consista en 400 actions, chacune de 250 écus courans de Danemark, pour faire le fonds constant de la compagnie : ensuite les intéressés fournirent au prorata par action les frais nécessaires pour l’achat & l’équipement des vaisseaux qu’on avoit résolu de mettre en mer. Le produit du fonds constant fut employé en partie à l’acquisition des maisons, magasins & effets que les anciennes compagnies avoient, tant à Copenhague qu’à Tranquebar, & à faire passer dans l’Inde un fonds qui y resteroit toûjours, pour y soûtenir les fabriques. A mesure que le commerce a prospéré, la compagnie a ajoûté à ses bâtimens & magasins, & a augmenté le fonds continuel de Tranquebar.

Pour donner aux lecteurs une idée juste de l’état actuel de cette compagnie, je pourrois leur mettre devant les yeux les opérations d’année en année ; mais comme ce détail seroit également long & ennuyeux, il suffira de dire que par le résultat que j’en ai tiré, il paroît que la nouvelle compagnie, depuis sa naissance en 1732 jusqu’en 1753 exclusivement, a expédié 60 vaisseaux, dont 28 pour Tranquebar, & 32 pour la Chine. Elle en a eu de retour 43 ; savoir, 19 de l’Inde, & 24 de Canton. Sept de ses vaisseaux se sont entierement perdus, six autres ont échoué, & quatre ont été abandonnés. Malgré ces malheurs, le prix des actions étoit en 1754, tout assuré & tout fourni, d’onze mille jusqu’à 11600 écus de Danemark. Le fonds roulant, c’est-à-dire ce que chaque action a contribué à l’achat, équipement & cargaison des vaisseaux arrivés en 1754, ou en mer, se montoit par vieilles actions à 7750 écus 2 marcs 6 schelings, qui ajoûtés au fonds constant, qui est de 750 écus, donne 8500 écus 2 marcs 6 schelings, prix intrinseque ; le reste, savoir, 2499 écus 3 marcs 10 schelings, est pour l’assurance & le profit de ceux qui vendent des actions au prix de 11600 écus.

Nous ne ferons pas l’énumération des petits établissemens & des comptoirs que la compagnie danoise possede actuellement dans l’Inde ; nous dirons seulement que depuis peu elle a fait un fonds à Tranquebar pour renouveller le commerce du poivre, & bâtir une loge sur la côte de Travancoor.

Il est bien singulier qu’après tant de malheurs consécutifs éprouvés pendant plus d’un siecle, cette compagnie, cent fois culbutée, détruite, anéantie, se soutienne encore au milieu de la rivalité du même trafic par les trois puissances maritimes. Mais on ne doit pas douter que la protection constante des rois de Danemark, les soins que se sont donnés ceux qui successivement en ont été les présidens ; une direction économe, sage, attentive & desintéressée, une liberté entiere, exempte de gêne dans les assemblées générales & annuelles, où toutes les opérations se décident, ne soient les vraies sources de la subsistance & de la prospérité de cette compagnie, supérieure à ce que les intéressés oserent jamais s’en promettre. (D. J.)