L’Encyclopédie/1re édition/ILOTES

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 558).
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ILOTES, s. m. pl. (Hist. anc.) nom des esclaves chez les Lacédémoniens. Quand ceux-ci commencerent à s’emparer du Péloponnese, ils trouverent beaucoup de résistance de la part des naturels du pays, mais sur-tout des habitans d’Elos qui, après s’être soumise, se révolta contre eux. Les Spartiates assiégerent cette place, la prirent à discrétion, & pour faire une exemple de sévérité, en réduisirent en esclavage les habitans, eux & tous leurs descendans à perpétuité. Les Ilotes, ou comme d’autres les appellent, les Helotes étoient donc à Lacédémone des esclaves publics, employés aux ministeres les plus vils & les plus pénibles, & traités avec une extrême rigueur ; mais les magistrats les accordoient quelquefois aux particuliers, à condition de les rendre à la ville quand elle les redemanderoit. On les employoit à la culture des terres & aux autres travaux de la campagne. Dans des besoins pressans on s’en servoit à la guerre, & plusieurs y ont mérité leur liberté par leur service. Dans les commencemens on avoit fixé leur nombre, de peur qu’en se multipliant ils ne fussent tentés de se révolter ; & par cette raison l’on exposoit les enfans qui naissoient d’eux au-delà du nombre fixé ; mais cette loi inhumaine dura peu ; du reste on en usoit très-rigoureusement avec les Ilotes ; on les fustigeoit cruellement & sans raison en certains tems de l’année seulement, pour leur faire sentir le poids de la servitude ; on alloit même jusqu’à les tuer quand ils devenoient trop gras, & on mettoit leurs maîtres à l’amende, comme les ayant trop bien nourris, & trop peu surchargés de travaux. Par une autre bisarrerie aussi condamnable, on les obligeoit à s’enyvrer à certains jours de fêtes, afin que les enfans fussent par ce spectacle détournés du vice de l’yvrognerie. Quelques-uns de ces Ilotes étoient pourtant employés à des occupations plus honnêtes, comme à conduire les enfans aux écoles publiques ou aux gymnases, & à les ramener. Ceux-ci étoient des especes d’affranchis, qui ne jouissoient pas néanmoins de tous les privileges des personnes libres, quoique par leur bonne conduite ils pussent arriver à ce dégré de liberté, puisque Lysandre, Callicratidas, Gylippe étoient ilotes de naissance, & qu’en considération de leur valeur on leur avoit accordé la liberté.