L’Encyclopédie/1re édition/IBÉRIE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 479).
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IBÉRIE, (Géog. anc.) ancien nom de deux pays différens, l’un en Asie & l’autre en Europe. L’Ibérie asiatique est une contrée de l’Asie, entre la mer Noire & la mer Caspienne ; Ptolomée dit qu’elle étoit terminée au nord par une partie de la Sarmatie, à l’orient par l’Albanie, au midi par la grande Arménie, & au couchant par la Colchide ; elle est présentement comprise dans la Géorgie.

L’Ibérie européenne est l’ancienne Espagne, nommée Iberia, soit pour sa position occidentale à cause des Ibériens asiatiques qui s’y établirent selon Varron, soit à cause de l’Ebre, en latin Iberus, qui la séparoit en deux parties, dont l’une appartenoit aux Carthaginois & l’autre aux Romains, avant que ces derniers l’eussent entierement conquise.

L’Ibérie maritime européenne fut découverte par les Celtes, par les Iberes, & ensuite par les Phéniciens, ainsi que depuis les Espagnols ont découvert l’Amérique ; les Tyriens, les Carthaginois, les Romains y trouverent tour-à-tour de quoi les enrichir dans les trésors que la terre produisoit alors.

Les Carthaginois y firent valoir des mines, aussi riches que celles du Méxique & du Pérou, que le tems a épuisées comme il épuisera celles du nouveau monde. Pline rapporte que les Romains en tirerent en neuf ans huit mille marcs d’or, & environ vingt-quatre mille d’argent. Il faut avouer que ces prétendus descendans de Gomer profiterent bien mal des présens que leur faisoit la nature, puisqu’ils furent subjugués successivement par tant de peuples. Ils ne profitent guere mieux aujourd’hui des avantages de leur heureux climat, & sont aussi peu curieux des antiquités ibériques, monumens, inscriptions, médailles, qui se trouvent par-tout dans leur royaume, que le seroient les Ibériens asiatiques, habitans de la Géorgie.

On reconnoît encore les Espagnols de nos jours dans le portrait que Justin fait des Ibériens de l’Europe ; corpora hominum ad inediam . . . . parati ; dura omnibus & adstricta parcimonia. Illis fortior taciturnitatis cura quàm vitæ. Leurs corps peuvent souffrir la faim ; ils savent vivre de peu, & ils craignent autant de perdre la gravité, que les autres hommes de perdre la vie. (D. J.)