L’Encyclopédie/1re édition/HYPORCHEME

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 412).
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HYPORCHEME, s. m. (Littérature.) on appelloit ainsi chez les Grecs une sorte de poésie, faite non seulement pour être chantée & jouée sur la flûte & sur la cythare, mais encore pour être dansée au son des voix & des instrumens. C’est un chant accompagné de danse, dit Proclus : or cette danse, selon Athénée, étoit une imitation ou une représentation des choses mêmes exprimées par les paroles que l’on chantoit. Lucien semble insinuer que ces hyporchemes se dansoient le plus ordinairement au son de la lyre ou de la cythare ; aussi étoit-ce, comme l’assûre Athénée, lib. XIV. cap. vij. une des trois especes de poésie lyrique sur le chant desquelles on dansoit ; & cette danse hyporchémétique, continue-t-il, avoit beaucoup de rapport avec la danse comique appellée cordax, l’une & l’autre étant enjouée & badine. Voyez Cordax.

Cependant, s’il en faut croire le rhéteur Ménandre, l’hyporcheme, ainsi que le péan, étoit consacré au culte d’Apollon, & en ce cas-là sans doute la danse devenoit plus sérieuse. Elle se faisoit, dit l’auteur du grand Etymologique, autour de l’autel de la divinité, pendant que le feu consumoit la victime. Sur quoi il est bon de remarquer d’après Athénée, lib. XIV. cap. vj. qu’anciennement les Poëtes eux-mêmes enseignoient ces danses à ceux qui devoient les exécuter, leur prescrivoient les gestes convenables à l’expression de la poésie, & ne leur permettoient pas de s’écarter du caractere noble & mâle qui devoit regner dans ces sortes de danses. On peut consulter sur ce point Meursius dans son traité intitulé orchestra. Du reste, Plutarque, dans son traité de la Musique, dit qu’il y avoit de la différence entre les péans & les hyporchemes. Sur quoi il prend à témoin Pindare, qui a cultivé l’un & l’autre genre de poésie. Mais comme nous n’avons rien aujourd’hui de ce poëte, ni en l’un ni en l’autre, nous ne pouvons fixer cette différence, ni le nombre & la qualité des piés qui entroient dans la poesie hyporchématique ; on conjecture seulement que les vers étoient de mesure inégale, & que le pyrrhique y dominoit. Voyez Pyrrhique. Notes de M. Burette sur le traité de la musique de Plutarque. Mem. de l’acad. des belles-Lettr. tome X.