L’Encyclopédie/1re édition/HYDRARGYROSE
HYDRARGYROSE, s. f. terme de Chirurgie, friction mercurielle, capable d’exciter la salivation. L’excrétion de la salive a été long-tems regardée comme l’évacuation critique la plus salutaire pour la guérison de la maladie vénérienne. L’expérience ayant montré que plusieurs personnes ne salivoient pas, quoiqu’on tâchât de leur procurer le flux de bouche par les frictions mercurielles, & qu’elles n’avoient pas laissé de guérir, on a pensé que la salivation n’étoit pas absolument nécessaire à la guérison de la vérole ; & en effet, les évacuations par les selles, par les urines, par les sueurs, peuvent servir à la dépuration du sang, aussi utilement que la salivation. L’incommodité de cette excrétion a fait desirer qu’on pût administrer les frictions mercurielles, & éviter la salivation, c’est ce qui a donné lieu à la méthode de l’extinction, dans laquelle on donne des frictions, ou à de plus petites doses qu’à l’ordinaire, à des tems plus éloignés, & avec la précaution, ou de purger le malade de tems en tems pour déterminer le mercure vers les intestins, ou de baigner les malades dans l’intervalle des frictions, pour l’attirer par les pores de la peau. L’expérience a fait voir que ces sortes de traitemens avoient l’inconvénient d’être fort longs, & ce qui étoit plus fâcheux, d’être infideles. Des charlatans, de toute espece, se sont donnés dans tous les tems pour avoir des remedes particuliers, qui guérissoient infailliblement la maladie vénérienne, sans garder la chambre, & par conséquent sans salivation. Les effets n’ont pas répondu aux promesses de ces empyriques ; des gens de l’art ont cru, dans ces derniers tems, réussir à ôter au mercure la vertu qu’il a de faire saliver, en le prenant revivifié du cinabre, en le faisant bouillir dans du vinaigre distillé, & le lavant bien avant de l’employer dans la pommade, à laquelle on ajoutoit quelque peu de camphre. Il est certain que cette preparation a paru efficace sur quelques personnes, avec la précaution de faire boire abondamment de la décoction d’esquine, & de permettre aux malades de sortir ; mais comme bien des personnes ne sont pas naturellement disposées à la salivation, on ne peut rien conclure de ce que ce remede a réussi à quelques uns, d’autant plus qu’il a été absolument sans effet sur d’autres, qui ont salivé abondamment, après s’être frotté de l’onguent mercuriel camphré. Voyez Vérole. (Y)