L’Encyclopédie/1re édition/HUNS

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 354).
HUNTE  ►

HUNS, (Hist.) peuple nombreux de la Scythie, ou de la Tartarie occidentale. Leur empire fut fondé par Tchung-Goei environ 1200 ans avant la naissance de Jesus-Christ, mais leur histoire n’est connue que depuis Teou-Man-Tanjou, qui vivoit environ 209 ans avant l’ére chrétienne. Les Huns soumirent alors les Tartares du nord de la Corée, & de-là ils s’étendirent vers l’occident jusqu’à la mer Caspienne, & posséderent tout le vaste pays que nous appellons Tartarie. Ils se subdiviserent en un grand nombre de nations différentes, qui, sous différens noms, ont fait la conquête de toute l’Asie. En 376, sous le regne de l’empereur Valens, ceux qui conserverent le nom de Huns, Hunni, qui vient du nom Chinois Hioung-Non, traverserent le palus Méotides, porterent l’allarme chez toutes les nations voisines du Tanaïs, vainquirent les Ostrogoths, & s’emparerent des pays situés au nord du Danube ; de-là ils firent des courses fréquentes chez leurs voisins, & répandirent souvent la desolation sur les terres des Romains qu’ils se rendirent tributaires. Sous la conduite d’Attila, le plus fameux de leurs chefs, les Huns firent la guerre dans l’occident ; ils s’avancerent jusques sur le Rhin & dans les Gaules, se rendirent maîtres des villes de Trèves, de Strasbourg, de Spire, de Worms, de Mayence, de Besançon, de Toul, de Langres, de Metz ; s’approcherent jusqu’à Paris, & prirent la ville d’Orléans. Enfin Aëtius, général des Romains, aidé par Théodoric roi des Visigoths, arrêta les conquêtes & les ravages des Huns, & battit Attila leur roi dans les campagnes de Mauriac, près de Troyes en Champagne ; on dit qu’en cette occasion, il périt trois cens mille hommes. Attila, après cette défaite, se retira en Pannonie, qui depuis fut nommée Hongrie à cause des Huns ; &, après avoir reparé ses pertes, il alla ravager l’Italie, où il prit Aquilée, & pilla Milan & Pavie ; Rome ne fut sauvée que par la trève que l’empereur Valentinien conclut avec lui, & par le tribut qu’il promit de lui payer. Après avoir conclu ce traité, Attila retourna sur le Danube bien résolu à rentrer dans les Gaules à la premiere occasion ; mais ses desseins furent renversés par sa mort, arrivée en 454, & causée par la grande quantité de vin qu’il avoit bû. Ainsi périt ce redoutable Scythe, qui avoit fait trembler les Romains & toute l’Europe, & qui se nommoit lui-même la terreur des hommes, & le fléau de Dieu. Après la mort d’Attila, la division se mit parmi ses sujets, ses enfans ne purent point contenir les peuples que leur pere s’étoit soumis, & peu-à-peu le nom des Huns disparut presque entierement de l’histoire.

On nous dépeint les Huns comme un peuple affreux ; ils se faisoient des incisions au visage qui les privoient de barbe, ils étoient petits & mal faits : ils menoient une vie très-dure, ne se nourrissant que de racines & de chair à demi-crue, mortifiée entre la selle & le dos du cheval : ils n’habitoient ni maisons ni villes ; leurs femmes & leurs enfans vivoient sous des tentes posées sur des chariots qu’ils transportoient à volonté d’un lieu dans un autre, sans avoir de demeure fixe : ils supportoient la faim, la soif & les plus grandes fatigues, & ne prenoient leurs repos pendant la nuit que couchés sur le dos de leurs chevaux : il combattoient sans ordre, & en poussant de grands cris ; à la faveur de la légereté de leurs chevaux, on les voyoit fondre sur l’ennemi & disparoître à l’instant, pour revenir ensuite avec plus de fureur : ils étoient fourbes, cruels, sans religion & sans humanité, avides de rapines, haïssant la paix à laquelle il n’y a rien à gagner. Voyez l’Histoire générale des Huns, par M. de Guignes, tome II.