L’Encyclopédie/1re édition/HOLOCAUSTE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 246).
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HOLOCAUSTE, s. m. (Hist. anc.) sacrifice dans lequel la victime étoit entierement consumée par le feu, sans qu’il en restât rien, pour témoigner à la divinité qu’on se dévouoit totalement à elle. Dans les sacrifices faits aux dieux infernaux, on n’offroit que des holocaustes, on brûloit toute l’hostie, & on la consumoit sur l’autel, n’étant pas permis de manger rien de ces viandes immolées pour les morts. Les anciens qui, selon Hygin & Hésiode, faisoient de grandes cérémonies aux sacrifices, consumoient les victimes entieres dans le feu ; mais les pauvres n’étant pas en état de subvenir à cette dépense, Prométhée, dit-on, obtint de Jupiter qu’il fût permis de ne jetter qu’une partie de la victime dans le feu, & de se nourrir de l’autre. Pour donner lui-même l’exemple & établir une coûtume pour les sacrifices, il immola deux taureaux, & jetta leur foie dans le feu : ensuite séparant les chairs des os, il en fit deux monceaux, mais si artistement disposés & si bien couverts des peaux, qu’on les auroit pris pour deux taureaux. Jupiter invité par Prométhée à choisir l’une des deux parts, s’y trompa, prit celle qui n’étoit composée que d’os, & depuis ce tems-là la chair des victimes fut toûjours mise à part pour ceux qui sacrifioient, & les os brûlés en l’honneur des dieux. Malgré cette fiction, qui faisoit plus d’honneur à la pénétration de Prométhée qu’à celle de Jupiter, il est certain qu’il y a eu des tems & des lieux où l’on brûloit la victime toute entiere, & que l’holocauste a pris de-là son nom, ὅλος, tout, & καίω, je brûle. (G)