L’Encyclopédie/1re édition/HOEKEN

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 243-244).
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HOËKEN, s. m. (Hist. mod.) nom de la faction opposée en Hollande à celle des kabelianws ; cette derniere tira son nom du poisson qu’on appelle en flamand kabeljanw, merlus, & qui mange les autres ; ils vouloient désigner par ce nom de guerre, qu’ils dévoreroient de même leurs ennemis. Les hoëkens, ou hoëkiens à leur tour s’appellerent ainsi du mot hollandois hoëk, qui veut dire un hameçon, pour marquer qu’ils prendroient leurs ennemis, comme on prend avec l’hameçon le poisson dont ils avoient emprunté le nom. Quidam se cabilliavios, (sic belgicè vocant asellum piscem) apellabant, quòd ut ille pisces alios vorat, sic ipsi adversarios domarent ; alii se hoeckios dicebant (hoek hollandis hamum significat) quasi sese jactarent cabilliaviis futuros, quod est hamus piscis. Bolland. Januar. tom. I. p. 352.

Ces deux partis opposés (dont les noms, pour le dire en passant, sont estropiés dans tous nos auteurs) s’éleverent en Hollande vers l’an 1350, lorsque Marguerite, comtesse de Hollande, vint à se brouiller avec son fils Guillaume V. à l’occasion de la régence. Les kabelianws étoient pour le fils, & portoient des bonnets gris ; les hoëks tenoient pour la mere, & portoient des bonnets rouges. Les villes & les grands seigneurs entrant dans l’un ou dans l’autre des deux partis, se firent la guerre avec une animosité furieuse, qui subsista plus de 140 ans ; car elle commença en 1350, & ne finit qu’en 1492.

L’histoire dit que les kabeljanws étoient les plus forts en nombre & les plus cruels, & que les hoëks étoient les plus braves & les moins barbares. La bravoure est communément accompagnée de générosité ; la cruauté & la lâcheté se donnent toujours la main. (D. J.)