L’Encyclopédie/1re édition/HISTRION

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 230-231).

HISTRION, s. m. (Hist. rom.) farceur, baladin d’Etrurie. On fit venir à Rome des histrions de ce pays-là vers l’an 391 pour les jeux scéniques ; Tite-Live nous l’apprend, dec. I. liv. VII.

Les Romains ne connoissoient que les jeux du cirque, quand on institua ceux du théatre, où des baladins, qu’on appella d’Etrurie, danserent avec assez de gravité, à la mode de leurs pays & au son de la flûte sur un simple échafaud de planches. On nomma ces acteurs histrions, parce qu’en langue toscane un farceur s’appelloit hister, & ce nom resta toujours depuis aux comédiens.

Ces histrions, après avoir pendant quelque tems joint à leurs danses toscanes la récitation de vers assez grossiers, & faits sur le champ, comme pourroient être les vers Fescennins, se formerent en troupes, & réciterent des pieces appellées satyres, qui avoient une musique réguliere, au son des flûtes, & qui étoient accompagnées de danses & de mouvemens convenables. Ces farces informes durerent encore 220 ans, jusqu’à l’an de Rome 514 que le poëte Andronicus fit jouer la premiere piece réglée, c’est-à-dire, qui eut un sujet suivi ; & ce spectacle ayant paru plus noble & plus parfait, on y accourut en foule. Ce sont donc les histrions d’Etrurie qui donnerent lieu à l’origine des pieces de théatre de Rome ; elles sortirent des chœurs de danseurs étrusques. (D. J.)