L’Encyclopédie/1re édition/HIPPONE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 217).

* HIPPONE, s. f. (Mythol.) déesse des chevaux & des écuries. Plutarque en a fait mention dans ses hommes illustres ; Apulée, au livre troisieme de son âne d’or ; Tertullien, dans son apologétique, & Fulgence écrivant à Chalcidius. C’est de cette déesse que Juvenal a dit, juvat solam Hippo, & facies olida ad proesepia pictas. On dit qu’un certain Fulvius se prit de passion pour une jument, & qu’une fille très belle, qu’on appella Hippone, Epone, ou Hippo, fut le fruit de ces amours singuliers. Aristote raconte au livre second de ses paradoxes, un fait tout semblable : un jeune éphésien ayant eu commerce avec une ânesse, il en naquit une fille qui se fit remarquer par ses charmes, & qu’on nomma de la circonstance extraordinaire de sa naissance, Onoseilia. Il n’est pas besoin de prévenir le lecteur sur l’absurdité de ces contes ; on y voit seulement que par une dépravation incroyable, les payens avoient cherché dans des actions infâmes, l’origine des êtres qu’ils devoient adorer. Il n’en est presque pas un seul dont la naissance soit honnête : quelle influence une pareille théologie ne devoit-elle pas avoir sur les mœurs populaires !

Hippone, (Géog. anc.) ville de l’Afrique proprement dite ; elle est surnommée Diarrhytus, à cause des eaux dont elle est arrosée, pour la distinguer d’une autre Hippone, aussi en Afrique dans la Numidie, surnommée la royale, Hippo regius. La premiere étoit une colonie florissante du tems de Pline ; il y avoit tout auprès un lac navigable, d’où la marée sortoit comme une riviete, & où elle rentroit selon le flux & le reflux de la mer. Dans la notice épiscopale de l’Afrique, cette ville étoit le siége d’un évêque, c’est présentement Biserte. Hippone surnommée la Royale, étoit épiscopale aussi bien que la précédente ; elle tire un grand lustre dans l’église Romaine, d’avoir eû pour évêque S. Augustin ; c’est aujourd’hui la petite ville de Bone en Afrique. (D. J.)