L’Encyclopédie/1re édition/HILARIES

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 207-208).
◄  HIGUERO
HILARODIE  ►

HILARIES, s. f. pl. (Antiq.) hilaria, orum ; fête qui se célébroit à Rome tous les ans avec beaucoup de pompe & de réjouissance, le huitieme avant les calendes d’Avril, c’est-à-dire le 25 Mars, en l’honneur de la mere des dieux.

Pendant la durée de la fête, qui étoit de plusieurs jours, il y avoit treve de tout deuil & cérémonies funebres. On promenoit Cybele par toute la ville, & chacun faisoit marcher devant elle en guise d’offrande, ce qu’il avoit de plus précieux. On s’habilloit comme l’on vouloit, & l’on prenoit les marques de telles dignités qu’on jugeoit à propos.

C’étoit proprement la Terre qu’on célébroit dans cette fête, sous le nom de la mere des dieux ; on lui rendoit tous ces honneurs, pour qu’elle reçût du soleil une chaleur modérée, & des rayons favorables à la naissance des fruits. On avoit choisi le commencement du printems pour cette fête, parce qu’alors les jours commencent à être plus longs que les nuits, & la nature est toute occupée de sa parure & de son renouvellement.

Les Romains emprunterent cette fête des Grecs, qui la nommoient ἀνάϐασις, renouvellement, par opposition à la veille, κατάϐασις, pendant laquelle ils revêtoient les apparences de deuil. Les Romains les imiterent encore en ce point, car ils passoient la veille de leurs hilaries en lamentations & autres marques de tristesse, d’où vient qu’ils nommoient ce jour là un jour de sang, dies sanguinis ; c’étoit l’inverse, si l’on peut parler ainsi, de notre mardigras, & l’image du mercredi des cendres. Quand les Grecs furent soumis à l’empire des Romains, ils abandonnerent l’ancien nom de leur fête pour prendre celui d’ἱλάρια, comme il paroît par Photius dans ses extraits de la vie du philosophe Isidore.

Les curieux peuvent consulter Rosinus, Antiquit. rom. lib. IV. c. vij. Turnebe, Adversarior lib. XXIV. Casaubon, not. sur Lampridius, Hist. Aug. script. v. 167. Saumaise sur Vopiscus & Tristan, tom. I. & tom. II. (D. J)