L’Encyclopédie/1re édition/HIÉBLE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 202).
◄  HIE

HIÉBLE, s. m. (Botan.) c’est l’espece de sureau que les Botanistes nomment ebulus, sambucus humilis, sambucus herbacea. Elle est plus petite que le sureau commun, auquel elle ressemble d’ailleurs à tant d’égards, & par sa figure, & par ses vertus. M. Geoffroy a donné de cette plante une description parfaite, qu’il faut transcrire ici.

L’hiéble s’éleve d’ordinaire à la hauteur d’une coudée & demie, rarement à cinq piés ; sa racine est longue, de la grosseur du doigt ; elle n’est point ligneuse, mais charnue, blanche, éparse de côté & d’autre, d’une saveur amere, un peu acre, & qui cause des nausées ; ses tiges sont herbacées, cannelées, anguleuses, noueuses, moëlleuses comme celles du sureau, & elles périssent en hiver ; ses feuilles sont placées avec symmétrie, & sont composées de trois ou quatre paires de petites feuilles portées sur une côte épaisse, terminée par une feuille impaire ; chaque petite feuille est plus longue, plus aiguë, plus dentelée, & d’une odeur plus forte que celle du sureau.

Ses fleurs sont disposées en parasol, petites, nombreuses, odorantes, d’une odeur approchante de la pâte d’amandes de pêches, blanches, ayant souvent une teinte de pourpre, d’une seule piece en rosette, partagée en cinq segmens. Leur fonds est percé par la pointe du calice en maniere de clou, au milieu de cinq étamines blanches chargées de sommets roussâtres.

Quand les fleurs sont tombées, les calices se changent en des fruits, ou des bayes noires dans leur maturité, anguleuses, gondronnées d’abord, & presque triangulaires ; mais ensuite plus rondes, & pleines d’un suc qui tache les mains d’une couleur de pourpre. Elle contient des graines oblongues au nombre de trois, convexes d’un côté, & anguleuses de l’autre.

On trouve fréquemment cette plante le long des grands chemins & des terres labourées ; l’écorce de sa racine, ses feuilles & ses bayes sont d’usage. Voyez Hiéble, (Mat. méd.) (D. J.)

Hiéble, (Mat. méd.) les feuilles d’hiéble sont ameres ; les bayes le sont encore davantage, & un peu styptiques ; leur suc ne change pas la couleur du papier bleu ; les feuilles, & sur-tout les bayes, contiennent un sel essentiel ammoniacal, aucun sel concret, mais beaucoup d’huile, soit subtile, soit épaisse.

On attribue à l’hiéble une vertu des plus efficaces pour purger par les selles ; ses racines, & sur-tout leur écorce, produisent cet effet violemment ; quelques-uns préferent l’écorce moyenne dans ce dessein ; les bayes & les graines n’ont pas autant d’efficace. Suivant l’opinion de Rai, les jeunes poussent, & les feuilles sont aussi plus douces. Les écorces qu’on vante tant pour évacuer les eaux des hydropiques, ne doivent être néanmoins données qu’aux personnes robustes, & dont les forces sont entieres, car ce remede irrite fortement, bouleverse l’estomac, & trouble tous les visceres.

Le suc d’hiéble est très-cathartique ; on le tire ou de la racine ou de l’écorce moyenne de la tige pilée, & mêlée avec de la décoction d’orge ou de raisins secs, un peu de cannelle & de sucre. L’infusion de l’écorce de la racine d’hiéble est encore très-violente ; mais la décoction l’est moins, parce que la vertu purgative de cette plante se perd en bouillant ; on prescrit le suc à la dose d’une once ; la décoction ou la macération de l’écorce dans de l’eau ou du vin, s’ordonne depuis demi-once jusqu’à deux onces. On infuse quelquefois une demi-once de la graine d’hiéble pulvérisée dans du vin blanc, on la passe, & on donne la liqueur qu’on a exprimée, à des hydropiques, pour les purger doucement.

On a remarqué que ces graines macérées dans l’eau chaude, & exprimées fortement, produisent une huile qui nage sur l’eau.

Les feuilles d’hiéble appliquées en cataplasmes, sont atténuantes & résolutives ; l’écorce de la racine est discussive & émoliente ; enfin les vertus de cette plante l’ont fait entrer dans des compositions galéniques ; mais c’est en pure perte, car les bons medecins ne les emploient point aujourd’hui. (D. J.)