L’Encyclopédie/1re édition/HERULES

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 187).

HERULES, s. m. pl. (Géogr. anc.) ancien peuple mêlé avec les autres barbares, qui renverserent l’empire romain. Les Hérules du nord de l’Allemagne étoient le même peuple ; Procope en a parlé fort au long dans son histoire des Goths, iv. II. ch. xjv. le lecteur peut y recourir ; ce qu’il rapporte de leurs mœurs est singulier.

« Ils adoroient, dit-il, plusieurs dieux auxquels ils sacrifioient des hommes. Il ne leur étoit pas permis d’être malades, ni de vieillir : lorsque quelqu’un d’eux se trouvoit attaqué de maladie sérieuse, ou de vieillesse décrépite, il devoit prier ses parens de songer à l’ôter du nombre des hommes. Alors les parens dressoient un bûcher, au haut duquel ils le plaçoient, & lui envoyoient un Hérule, qui n’étoit pas de sa famille, avec un poignard pour terminer ses jours. D’abord, après sa mort, ils mettoient le feu au bûcher ; & au moment qu’il étoit consommé, ils ramassoient les os du défunt, & les couvroient de terre. La femme du mort étoit obligée, pour donner des preuves de sa vertu, & pour acquérir de la gloire, de s’étrangler sur son tombeau, ou bien elle s’attiroit la haine irréconciliable des parens de son mari ».

On sait assez que les Hérules passerent dans la Thessalie & dans la Macédoine, où ils périrent en grand nombre ; que cependant ils augmenterent par la suite leur puissance, vainquirent leurs voisins, & furent défaits par les Lombards. Alors ils s’établirent en partie sur les terres de l’Empire, où ils se firent chrétiens, & en partie remonterent le Danube, & se confondirent avec les Sclavons ou Slaves.

Leur premiere demeure étoit vraisemblablement au voisinage du Warneau, dans le Mecklebourg, à peu-près au lieu où fut bâtie la ville de Werle, en latin Herula. Du tems de Tacite, ils étoient compris sous le nom général de Vandales, c’est pourquoi cet historien n’en parle pas. Dans les irruptions des Vandales & des Goths vers le midi, ils eurent leur part à ces migrations, & demeurerent quelques tems au-delà du Danube, où abordoient les nations septentrionales. Une partie passa le Danube après la bataille perdue contre les Lombards, dans laquelle leur roi Rodolphe fut tué : cette partie s’établit dans l’Illyrie, éprouva de nouveaux revers, & se perdit dans l’armée des Goths ; l’autre partie retourna dans la Vandalie, auprès de Warnes. Ceux-ci revenus dans leur pays, y subsisterent long-tems idolâtres, embrasserent tard le Christianisme ; & plus encore par force que par connoissance, puisqu’à la moindre occasion ils le quittoient, & massacroient les prêtres. Leur nom se perdit peu-à-peu en celui de Slaves, & enfin en celui de Meckelbourg. En deux mots, comme le dit le savant Bangert dans ses Notes sur la chronique des Slaves, Warnavi, Varini, Heruli, Werli, Wendi, sont aujourd’hui ceux de Rostoc, du Butzow & de Gustrow, trois villes situées sur le Warnaw. (D. J.)