L’Encyclopédie/1re édition/HERMITAGE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 173).
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HERMITAGE, s. m. (Gram.) lieu solitaire où demeure un hermite ou anachorete qui est retiré, pour mener une vie religieuse.

Anciennement les hermitages étoient dans un desert, ou au fond de quelque forêt inhabitée, loin du commerce des hommes ; l’histoire ecclésiastique n’est que trop pleine d’exemples, de gens que l’amour de la singularité ou de l’abnégation de soi-même entraînoient dans de telles solitudes ; l’odeur de leur sainteté ne manquoit pas d’attirer auprès d’eux des disciples dont ils formoient un monastere, qui souvent étoit cause que la forêt se défrichoit, & qu’il se bâtissoit aux environs un bourg ou une ville. Il se trouve en Europe quantité de lieux qui doivent leur origine à un hermitage. devenu célebre par la réputation de l’hermite qui y demeuroit.

Ἔρημος signifie une solitude, un desert ; de ce mot on a fait Eremitæ, pour désigner ceux qui s’y retiroient, comme du verbe Ἀναχωρεῖν, qui veut dire s’éloigner, on a fait le mot anachorete : à présent les hermitages sont devenus rares, excepté en Espagne, où le seul évêque de Jaën a soixante-dix-huit hermitages dans son diocese.

Les hermitages consistent d’ordinaire en un petit bâtiment, comprenant une chapelle & une habitation pour l’hermite, avec un jardin qui fournit sa nourriture, outre les aumônes qu’il recueille. Il y a encore en Dauphiné, vis-à-vis de Tournon sur la côte, un petit hermitage autrefois fameux, qui donne son nom au territoire & à l’excellent vin qu’on y recueille. (D. J.)