L’Encyclopédie/1re édition/HECATOMBE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 94).

HECATOMBE, subst. fém. (Antiq.) c’est un sacrifice de cent bœufs, selon la signification propre du mot : mais la dépense de ce sacrifice ayant bientôt paru trop forte, on se contenta d’immoler des animaux de moindre prix ; & il paroît par plusieurs anciens auteurs qu’on appella toûjours hécatombe un sacrifice de cent bêtes de même espece, comme cent chevres, cent moutons, cent agneaux, cent truies ; & si c’étoit un sacrifice impérial, dit Capitolin, on immoloit par magnificence cent lions, cent aigles, & cætera hujusmodi animalia centena feriebantur.

Ce sacrifice de cent bêtes se faisoit en même tems sur cent autels de gazon, & par cent sacrificateurs ; cependant on n’offroit de tels sacrifices que dans des cas extraordinaires, comme quand quelque grand évenement causoit quelque joie publique ou une calamité générale. Lorsque la peste ou la famine obligeoit de recourir aux dieux, les cent villes du Péloponèse faisoient ensemble un hécatombe, c’est-à-dire qu’elles immoloient une victime pour chaque ville ; mais Conon, général des Athéniens, ayant remporté une victoire navale sur les Spartiates, offrit lui seul une hécatombe : « c’étoit, dit Athénée, une véritable hécatombe, & non pas de celles qui en portent faussement le nom » ; ce qui prouve qu’on appelloit souvent hécatombe, des sacrifices où le nombre des cent victimes ne se trouvoit pas. L’histoire parle aussi d’empereurs romains qui ont offert quelquefois des hécatombes ; par exemple, Balbin, à la premiere nouvelle qu’il reçut de la défaite du tyran Maximin, ordonna sur le champ une hécatombe.

On tire communément l’origine du mot hécatombe, de ἑκατόν, cent, & de βοῦς, bœuf ; d’autres dérivent ce terme de ἑκατόν, cent, & de ποῦς, pié ; & selon ceux-ci, l’hecatombe de vingt-cinq bêtes à quatre piés n’étoit pas moins une hécatombe : d’autres enfin le dérivent simplement du mot ἑκατομϐή, qui veut dire un sacrifice somptueux. (D. J.)