L’Encyclopédie/1re édition/HALICARNASSE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 28).
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HALICARNASSE, (Géog. anc.) ancienne ville d’Asie dans la Carie, dont elle étoit la capitale ; on en rapporte la fondation à des Grecs venus d’Argos. Elle possédoit un port magnifique, de bonnes fortifications, & de grandes richesses : elle avoit été la résidence des rois de Carie, & particulierement de Mausole, dont le fameux tombeau servit à lui donner un nouveau lustre. On peut voir dans Arrien la difficulté qu’Alexandre trouva lorsqu’il en fit le siége. Une médaille frappée sous Geta prouve par sa légende, que sous les Romains cette ville se gouverna par ses propres loix, & joüit de sa liberté. Elle a donné naissance à deux fameux historiens qui seuls l’auroient immortalisé, Hérodote & Denis.

Hérodote, le pere de l’histoire profane, naquit l’an 404 avant J. C. il mit tous ses soins à tâcher d’apprendre dans ses voyages l’histoire des nations, & en composa les neuf livres qui nous restent de lui. Les Grecs en firent tant de cas, lorsqu’il les récita dans l’assemblée des jeux olympiques, qu’ils leur donnerent le nom des neuf muses. L’histoire d’Hérodote est écrite en dialecte ionique. Son style est plein de charmes, de douceur, & de délicatesse. Malgré les critiques qu’on a faites d’Hérodote, il est toûjours constant que son ouvrage renferme ce que nous connoissons de plus certain sur l’histoire ancienne des différens peuples.

Denis, surnommé d’Halicarnasse, du nom de sa patrie, est en même tems un des plus célebres historiens & des plus judicieux critiques de l’antiquité ; il vint à Rome après la bataille d’Actium, trente ans avant J. C. & y demeura vingt-deux ans sous le regne d’Auguste. Il composa en grec l’histoire des antiquités romaines, & les distribua en vingt livres, dont il ne nous reste que les onze premiers ; c’est un ouvrage que nous ne nous lassons point de lire & de consulter : on connoît la traduction françoise du P. le Jay, & de M. Belanger docteur de Sorbonne. Nous avons encore d’autres œuvres de Denis d’Halicarnasse ; M. Hudson en a procuré la meilleure édition en grec & en latin, à Oxford, 1704, in fol. (D. J.)