L’Encyclopédie/1re édition/HAILLON

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 25).

HAILLON, s. m. l’h s’aspire & les ll se mouillent, terme proscrit du style noble, & qui dans ses différentes acceptions, exprime des choses basses. Au simple on entend par ce mot, un vêtement usé, déchiré ; un vieux morceau d’étoffe ; un lambeau de drap ou de toile souillé, mal-propre. Au figuré, il signifie un enfant couvert de guenilles, sale, dégoûtant ; il est aussi en certaines provinces, le cri de la populace dans le tems des vendanges.

Un gouvernement sage & éclairé sait mettre à profit les choses qui paroissent les moins propres à l’utilité générale.

Ces haillons, ces vieux lambeaux de toile tant méprisés, relégués dans les greniers ou jettés dans les rues, connus vulgairement sous les noms de drapeaux, chiffons, peilles, drilles, pates, fournissent une occupation utile à plusieurs milliers de sujets ; ils sont l’aliment de plusieurs manufactures considérables, la matiere premiere de tous nos papiers, & forment, par l’industrie des ouvriers, une branche de Commerce. Voyez l’article Papeterie.

Depuis long-tems l’exportation de ces matieres étoit prohibée ; l’objet en a paru assez intéressant pour déterminer dans ces derniers tems le ministere à en défendre même les amas à quatre lieues près des côtes maritimes & des frontieres du royaume, à peine de confiscation & d’amende. L’arrêt du conseil qui porte ces dernieres défenses, est du 18 Mars 1755. Article de M. Durival le cadet.