L’Encyclopédie/1re édition/GUIPER

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* GUIPER, v. act. (Ruban.) c’est donner la derniere main à la frange que l’on appelle guipée : lorsque cette frange est hors de dessus le métier, & forme différens coupons, comme il sera dit à l’article Tisser, & comme on le voit dans nos Planches elle est tendue par deux ficelles sur une longueur prise à volonté. Ces ficelles sont fixées à demeure le long d’un mur, mais il faut qu’elles en soient éloignées d’environ deux piés, pour la commodité de la guipeuse, & que la frange soit tendue le plus qu’il est possible ; plus elle l’est, mieux il en est : cela fait, la guipeuse passe le doigt index de la main gauche dans la boucle que forme le coupon ; puis avec le crochet du guipoit, elle débarasse un brin de la pente en le prenant contre la tête de la frange, où il est plus aisé à saisir ; ce brin séparé & pris dans le crochet du guipoir ; elle fait tourner sur lui-même le guipoir avec le pouce & le doigt index de la main droite, & cela avec violence. Le guipoir mis en mouvement de cette maniere, retord le brin qui lui est attaché, & c’est de l’habileté de la guipeuse que dépend la beauté de la guipure ; puisque si la frange est trop guipée elle grippe ; que si elle ne l’est pas assez, elle se trouve trop lâche ; le brin guipé est terminé par le bout d’en-bas par une petite boucle que le crochet du guipoir y a laissée : ce brin est passé entre le doigt auriculaire & l’annulaire de la main gauche, pour avoir la liberté d’en séparer & guiper d’autres. Lorsque la guipeuse a fini ce coupon, elle en prend un autre, après cela un troisieme, toûjours en reculant de la droite à la gauche ; lorsque la longueur tendue est considérable, comme de quatre à cinq aunes, plusieurs guipeuses peuvent y travailler, en conservant entre elles assez de distance pour ne se pas nuire l’une à l’autre. On facilite le tour du guipoir, en le garnissant de cire ; ce qui lui donne la force de tourner avec plus de vélocité. Voici une autre façon de le faire tourner, que l’on appelle filer : lorsque la guipeuse s’est emparée du brin avec le crochet de son guipoir, elle approche la paume de la main droite de celle de la gauche ; & par le frottement des pouces & de ces deux parties dont elle tire la droite à-elle, elle donne le mouvement au guipoir avec la même dextérité que de l’autre maniere.