L’Encyclopédie/1re édition/GUIENNE

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GUIENNE, (la) Aquitania, (Géog.) partie considérable du royaume de France ; mais il faut bien distinguer la Guienne, province, de la Guienne propre.

La Guienne, province, est bornée au nord par le Poitou, l’Angoumois, & la Marche ; à l’est par l’Auvergne & par le Languedoc ; au sud par les Pyrénées, & à l’oüest par l’Océan. Elle forme le plus grand gouvernement de France, qui a quatre-vingt lieues de large sur quatre-vingt-dix de long : les rivieres qui l’arrosent sont l’Adour, le Tarn, l’Avéiron, & le Lot.

Il ne paroît pas que le nom de Guienne qui a succédé à celui d’Aquitaine connu des Romains, ait été en usage avant le commencement du quatorzieme siecle ; cependant il commença dès-lors à prendre faveur, & il prévalut sur la fin du siecle suivant. Le duché de Guienne acquis par l’Angleterre dans le douzieme siecle, revint à la France sous le regne de Charles VII. l’an 1553 ; & cette derniere puissance en a toûjours joüi depuis.

La Guienne entiere est divisée en haute & basse : la basse comprend le Bourdelois, le Périgord, l’Agénois, le Condomois, le Bazadois, les Landes, la Gascogne proprement dite, le pays de Soule & de Labour.

La haute Guienne dont la principale ville est Montauban, comprend le Quercy, le Roüergue, l’Armagnac, le comté de Comminges, le Couserans, & la Bigorre. Ces pays qui composent la haute Guienne, sont tous du ressort du parlement de Toulouse ; il n’y a que la basse Guienne qui reconnoisse le parlement de Bourdeaux.

Je supprime les autres détails de géographie, pour ajouter une seule remarque qui intéresse le bien de l’état. Cette partie de la Guienne qui porte le nom de haut-pays, ne connoît que l’Agriculture & les arts qui en dépendent, sans lesquels lorsque les récoltes manquent, les habitans sont dans l’impossibilité de payer leurs charges : c’est donc au prince à les faire joüir de la liberté de leur commerce, & à leur accorder un droit naturel dont la propriété ne peut prescrire, & dont l’exercice ne peut être interrompu, sans supposer que la religion du souverain a été surprise. Il ne faut point perdre à la discussion de vains titres d’abus, un tems mieux employé à les abolir. (D. J.)