L’Encyclopédie/1re édition/FORMER

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FORMER, voyez ci-devant Formation.

Former, Dresser, (Art milit.) v. act. on dit former des soldats, dresser des troupes. Le premier de ces deux mots exprime les soins que l’on prend pour accoûtumer le soldat à la discipline, le plier à l’obéissance, & lui inspirer l’esprit de son état. L’autre indique aussi l’éducation militaire qu’on donne à une troupe, mais ne tombe que sur la partie qui a rapport au maniment des armes, aux manœuvres, aux évolutions, & autres détails du service. Enfin le terme former est restreint à un certain nombre d’hommes, qui ne composent pas encore un tout, & désigne un acte purement moral. Dresser s’étend à une troupe complette, telle qu’une compagnie, un bataillon, un régiment, & porte uniquement sur le physique des instructions qu’on leur donne.

Former, en Tactique, se prend dans une acception différente, qui le rapproche des mots ordonner, disposer. Former dans ce cas signifie l’action de ranger des soldats dans un certain ordre, & annonce que cet ordre est leur état habituel, c’est-à-dire celui dans lequel il est convenu qu’on mettra toûjours une troupe, à moins que des circonstances particulieres n’obligent ceux qui la commandent, à l’ordonner suivant une autre méthode.

Ce mot ordonner, bien plus générique que le premier, tient à tous les ordres de bataille possibles, & peut également s’entendre du bataillon quarré, de la colonne, du coin, &c. Voyez Ordre de bataille.

Disposer exprime l’opération générale par laquelle on distribue les différens corps d’une armée dans les postes qu’ils doivent occuper, suivant un plan de bataille qui aura été déterminé ; ou celle par laquelle on leur fait prendre le rang qu’ils doivent tenir dans une marche ou dans un campement.

Exemple. Les troupes prendront les armes à quatre heures. Tous les régimens se formeront à la tête de leur camp. Ils se porteront en ordre de bataille (c’est aujourd’hui en France être formés sur trois de hauteur, & cette ordonnance doit être appellée l’état habituel) ; ils se porteront, dis-je, six cents pas en-avant des faisceaux, où chaque bataillon sera ordonné en colonne. Les lieutenans-généraux & maréchaux-de-camp disposeront alors leurs divisions, suivant l’ordre de marche ou de bataille, dont la veille on leur aura remis une copie. Article de M. Liebaut, chargé du dépôt de la guerre.