L’Encyclopédie/1re édition/FORJUGER

FORJUGER, v. n. (Jurispr.) signifie quelquefois déguerpir un héritage, quelquefois adjuger. Dans les preuves de l’histoire de Guines, page 191. des terres forjugées sont des terres confisquées. Une ancienne chronique dit, que fut forjugée au roi d’Angleterre toute la Gascogne, & toute la terre qu’il avoit au royaume de France. Dans le ch. clxxxxv. des assises de Jérusalem, les forjugés sont des condamnés.

Forjuger l’absent, dans le style du pays de Normandie, est quand le juge forclôt le défendeur défaillant & contumax, & le condamne en l’amende : & dans l’ancienne coûtume de Boulenois, art. 120 & 121. forjuger, c’est lorsque le seigneur féodal retire l’héritage mouvant de lui, faute par son vassal d’acquitter les droits & devoirs. Cette même coûtume & le style de Normandie que l’on vient de citer, usent aussi indifféremment du terme forjurer. Voyez l’auteur de la vieille chronique de Flandres, ch. xxxviij. & lxviij. les constitutions de Sicile, vulgo Neapolitanæ, lib. I. tit. liij. & lib. II. tit. iij. & seq. (A)