L’Encyclopédie/1re édition/FLAMBEAU

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FLAMBEAU, s. m. sorte de luminaire que l’on fait avec des meches un peu épaisses que l’on couvre de cire, & qui sert à éclairer la nuit dans les rues aux enterremens & aux illuminations, &c.

Les flambeaux sont différens des torches & des cierges. Voyez Cierge, Torche.

Ils ont une figure quarrée ; ils sont quelquefois de cire blanche, plus souvent de cire jaune ; ils sont ordinairement composés de quatre meches d’un pouce d’épais & environ trois piés de long, d’une sorte de chanvre filé & à moitié tors.

Pour les former, on se sert d’une cueillere comme pour les torches & les cierges ; on verse premierement la cire fondue sur le haut des différens bâtons qui sont suspendus, & on laisse couler cette cire jusqu’en bas : cela se répete par deux fois : ensuite on laisse sécher ces bâtons à qui on a donnée plusieurs couches de cire ; après on les roule sur une table, & on les joint au nombre de quatre ensemble, en les soudant avec un fer tout rouge. Quand ils sont joints on coule dessus de la cire, jusqu’à ce qu’ils ayent le poids convenable ; c’est ordinairement d’une livre & demie ou deux livres : pour les finir, on se sert d’une sorte de polissoire ou repassoire de bois qu’on promene le long des angles faits par l’union des branches. Voyez Bougie.

Les flambeaux des anciens étoient différens des nôtres ; ils étoient de bois, sechés au feu ou autrement : ils y en employoient de différentes sortes ; celui dont on se servoit le plus ordinairement étoit le pin. Pline rapporte que de son tems on employoit aussi à cet usage le chêne, l’orme, & le coudrier. Dans le septieme livre de l’Énéide, il est parlé d’un flambeau de pin ; & Servius remarque sur ce passage, que l’on en faisoit aussi de cornouiller. Chambers. Voyez l’article suivant.

Flambeau ; on appelle ainsi, en terme d’Artificier, une espece de brandon de feu fait de pin ou de sapin, ou de quelque autre bois semblable, dont les anciens se servoient non-seulement dans leurs maisons, pour leurs propres usages, mais aussi à la guerre, pour mettre le feu aux machines des ennemis, quand ils en étoient assez proches pour pouvoir les lancer avec le bras.

Quoique ces flambeaux ne soient plus d’usage, je ne laisserai pas d’en donner ici la construction.

Faites fondre sur des charbons ardens dans un pot de cuivre, comme seroit un chauderon, ou bien dans un pot de terre vernissé, huit onces de salpetre, avec seize onces ou une livre de soufre, quatre onces de colophone, deux onces de poix noire, une once de cire, & deux onces de térébenthine. Mettez dans cette composition ainsi fondue, du linge bien sec & bien net, ou à son défaut de l’étoupe aussi bien seche & bien nette : tournez ce linge jusqu’à ce qu’il soit bien imbibé de cette liqueur chaude : vous en envelopperez un bâton assez long, avant qu’elle soit refroidie, & vous le lierez fortement avec du fil d’archal, pour que la composition s’y attache mieux. Vous aurez un flambeau, qui étant allumé ne pourra être éteint ni par le vent, ni par la pluie ; il pourra même brûler dans l’eau ; & on ne le peut éteindre qu’en l’étouffant dans du sable ou de la cendre. Chambers.

Flambeau, (Orfévrerie, Chauderonnerie.) Nous donnons encore ce nom à de grands chandeliers de table : il y en a d’or, d’argent, de vermeil, de cuivre, &c.