L’Encyclopédie/1re édition/FAVISSE

FAVISSE, s. f. terme d’Antiquaire. Favissa, fosse, ou plûtôt chambre, voûte soûterreine dans laquelle on garde quelque chose de précieux.

Ce mot paroît formé de fovissa, diminutif de fovea, fosse.

Les favisses, suivant Varron & Aulugelle, étoient la même chose que ce que les anciens Grecs & Romains appelloient thesaurus, & non archives & thrésor dans nos églises.

Varron dit que les favisses, ou plûtôt les flavisses, comme on les nommoit d’abord, étoient des lieux destinés à renfermer de l’argent monnoyé : quos thesauros, dit-il, græco nomine appellaremus, Latinos flavissas dixisse, quod in eas non rude as, argentumque, sed stata, signataque pecunia conderetur. C’étoit donc des dépôts où l’on conservoit les deniers publics, aussi-bien que les choses consacrées aux dieux.

Il y avoit des favisses au capitole ; c’étoient des lieux soûterreins, murés & voûtés, qui n’avoient d’entrée & de jour que par un trou qui étoit en-haut, & que l’on bouchoit d’une grande pierre.

Elles étoient ainsi pratiquées pour y conserver les vieilles statues usées qui tomboient, & les autres vieux meubles & ustensiles consacrés, qui avoient servi à l’usage de ce temple ; tant les Romains respectoient & conservoient religieusement ce qu’ils croyoient sacré. Catulus voulut abbaisser le rez-de-chaussée du capitole, mais les favisses l’en empêcherent.

Festus en donne une autre idée, & dit que c’étoit un lieu proche des temples, où il y avoit de l’eau. Les Grecs l’appelloient ὀμφαλὸς, nombril, parce que c’étoit un trou rond. Aulugelle décrit ces favisses ; il les appelle citernes, comme Festus, mais apparemment parce qu’elles en avoient la figure. Ces deux notions ne sont pas fort difficiles à concilier : il est certain que le thrésor dans les temples des anciens grecs, étoit aussi une espece de citerne, de reservoir d’eau, de bain, ou de salle proche du temple, dans laquelle il y avoit un reservoir d’eau, où ceux qui entroient au temple se purifioient. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)