L’Encyclopédie/1re édition/FANFARON

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* FANFARON, s. m. celui qui affecte une bravoure qu’il n’a point : un vrai fanfaron sait qu’il n’est qu’un lâche. L’usage a un peu étendu l’acception de ce mot ; on l’applique à celui même qui exagere ou qui montre avec trop d’affectation & de confiance la bravoure qu’il a ; & plus généralement à celui qui se vante d’une vertu, quelle qu’elle soit, au-delà de la bienséance ; mais les lois de la bienséance varient selon les tems & les lieux. Ainsi tel homme est pour nous un fanfaron, qui ne l’étoit point pour son siecle, & qui ne le seroit point aujourd’hui pour sa nation. Il y a des peuples fanfarons. La fanfaronade est aussi dans le ton. Il y a tel discours héroïque, qu’un mot ajoûté ou changé, feroit dégénérer en fanfaronade ; & réciproquement, il y a tel propos fanfaron, qu’une pareille correction rendroit héroïque. Il y a plus, le même discours dans la bouche de deux hommes différens, est un discours élevé, ou une fanfaronade. On tolere, on admire même dans celui qui a par-devers soi de grandes actions, un ton qu’on ne souffriroit point dans un homme qui n’a rien fait encore qui garantisse & qui justifie ses promesses. Je trouve en général tous nos héros de théatre un peu fanfarons. C’est un mauvais goût qui passera difficilement ; il a pour la multitude un faux éclat qui l’ébloüit ; & il est difficile de rentrer dans les bornes de la nature, de la vérité, & de la simplicité, lorsqu’une fois on s’en est écarté. Il est bien plus facile d’entasser des sentences les unes sur les autres, que de converser.