L’Encyclopédie/1re édition/ETRENNES
ETRENNES, s. f. (Hist. anc. & mod.) présens que l’on fait le premier jour de l’année. Nonius Marcellus en rapporte sous les Romains l’origine à Tatius roi des Sabins, qui régna dans Rome conjointement avec Romulus, & qui ayant regardé comme un bon augure le présent qu’on lui fit le premier jour de l’an de quelques branches coupées dans un bois consacré à Strenua déesse de la force, autorisa cette coûtume dans la suite, & donna à ces présens le nom de strenæ. Quoi qu’il en soit, les Romains célébroient ce jour-là une fête de Janus, & honoroient en même tems Junon ; mais ils ne le passoient pas sans travailler, afin de n’être pas paresseux le reste de l’année. Ils se faisoient réciproquement des présens de figues, de dattes, de palmier, de miel, pour témoigner à leurs amis qu’ils leur souhaitoient une vie douce & agréable. Les cliens, c’est-à-dire ceux qui étoient sous la protection des grands, portoient ces sortes d’étrennes à leurs patrons, & y joignoient une petite piece d’argent. Sous l’empire d’Auguste, le sénat, les chevaliers, & le peuple, lui présentoient des étrennes, & en son absence ils les déposoient au capitole. On employoit le produit de ces présens à acheter des statues de quelques divinités, l’empereur ne voulant point appliquer à son profit les libéralités de ses sujets : de ses successeurs, les uns adopterent cette coutûme, d’autres l’abolirent ; mais elle n’en eut pas moins lieu entre les particuliers. Les premiers chrétiens la desapprouverent, parce qu’elle avoit trait aux cérémonies du Paganisme, & qu’on y mêloit des superstitions : mais depuis qu’elle n’a plus eu pour but que d’être un témoignage d’estime ou de vénération, l’Eglise a cessé de la condamner. Voyez An. (G)
Etrenne, (Comm.) se dit, parmi les Marchands, de la premiere marchandise qu’ils vendent chaque jour. Ils disent en ce sens : voilà mon étrenne : cette étrenne me portera bonheur. Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)