L’Encyclopédie/1re édition/ERYTHRÉ
* ERYTHRÉ, adj. pris subst. (Mythol.) Hercule fut surnommé Erithré d’un temple qu’il avoit à Erythrès en Arcadie. Le dieu y étoit representé sous la forme d’un radeau. C’est ainsi, disoient les Erythréens, qu’il étoit venu de Tyr par mer. Le dieu radeau entre dans la mer Ionienne, s’arrête au promontoire de Junon, à moitié chemin d’Erythrès à Chio : les habitans de ces lieux employent pour l’amener à bord tous les moyens que la marine & la dévotion leur suggerent ; mais c’est inutilement : un aveugle d’Erythrée, qui se mêloit de pêche avant que de faire le métier de devin, annonce à ses concitoyens que le seul moyen de mouvoir le radeau, c’est de le tirer avec une corde filée des cheveux des femmes érythréennes ; les femmes d’Erythrée aiment mieux conserver leur chevelure que d’avoir un dieu de plus, & Hercule radeau restoit en mer, lorsque des Thraciennes nées lipres, mais esclaves dans Erythrée, plus pieuses que les Erythréennes, sacrifient la leur, & mettent les Erythréens en possession du dieu. On récompensa le zele de ces Thraciennes, en leur accordant le privilége exclusif d’entrer dans le temple d’Hercule. Pausanias dit qu’on montroit encore de son tems la corde de cheveux. Quant au pêcheur aveugle, il recouvra la vûe pour le reste de ses jours. Voyez Miracle.