L’Encyclopédie/1re édition/EPROUVETTE

◄  EPREUVE
EPS  ►

EPROUVETTE, sub. f. c’est, dans l’Artillerie, une machine propre à faire juger de la bonté de la poudre.

Il y a des éprouvettes de plusieurs especes ; la plus ordinaire représentée Planche II. Art milit. figure 2. consiste dans une maniere de batterie F de pistolet, avec son chien & son bassinet, montée sur un petit sût de bois, dont le canon G, qui est de fer & long d’un peu plus d’un pouce, est placé verticalement pour recevoir la poudre que l’on veut éprouver. Ce canon est couvert d’un petit couvercle de fer qui tient à une roue dentelée H, dont les crans sont arrêtés par un ressort I qui est au bout du fût. Quand on lache la détente de la batterie, la poudre voulant sortir du canon chasse la roue avec violence, & lui fait parcourir un certain nombre de crans, qui est ce qui marque la bonne ou la mauvaise poudre ; ce nombre néanmoins, pour la qualité de la poudre en général, n’est point fixé ; ainsi ce n’est que par la comparaison d’une poudre avec une autre, que l’on peut se rendre certain de la bonté de celle qu’on éprouve.

La figure 3. de la même Planche II. représente une autre éprouvette qui ne differe guere de la précédente, qu’en ce que le canon qui contient la poudre est placé en K d’une maniere différente : sa lumiere est en L ; M est le couvercle du canon K, qui est élevé par la poudre, & qui s’arrête dans la roue au moyen des crans qui y sont renfermés, & qui ne se voyent point par le profil.

N, est une clé ou vis, laquelle pressant le ressort O ; le lâche & le serre comme on veut.

La fig. 4. est aussi une éprouvette d’une autre espece : elle est composée d’une plaque de cuivre jaune A, A, sur laquelle est creusé le bassinet où se met l’amorce, & qui répond à la lumiere. Elle a un canon B, où se met la charge de la poudre. C’est un poids massif, qui s’éleve plus ou moins haut suivant la force de la poudre, & qui est retenu par les crans de la cremailliere D. E & E sont deux tenons qui s’ouvrent lorsque le poids s’éleve, & qui l’empêchent de descendre quand il est une fois élevé.

Toutes les différentes sortes d’éprouvettes qu’on vient de décrire, ne peuvent servir qu’à faire juger de plusieurs especes de poudres quelle peut être la meilleure. C’est pourquoi pour avoir quelque chose de plus précis, le feu roi Louis XIV, par une ordonnance du 18 Septembre 1686, qui est encore en usage aujourd’hui, a ordonné que l’épreuve de la poudre se feroit avec un petit mortier qui chasseroit un boulet de 60 livres à la distance au moins de 50 toises avec trois onces de poudre seulement. Si le boulet va à une plus petite distance, la poudre n’est pas reçue dans les arsénaux de Sa Majesté.

La figure 5. de la Planche II. Art milit. fait voir ce mortier, qu’on nomme aussi éprouvette à cause de son usage. Voici ses dimensions suivant l’ordonnance de 1686.

AA le diametre à la bouche du mortier porte 7 pouces & trois quarts de ligne.

BB longueur de l’ame, 8 pouces 10 lignes.

CC diametre de la chambre, 1 pouce 10 lignes.

BD longueur ou profondeur de la chambre, 2 pouces 5 lignes.

E lumiere au ras du fond de la chambre.

F diametre par le dehors du mortier à la volée, 8 pouces 10 lignes.

GG diametre par le dehors du mortier à l’endroit de la chambre, 4 pouces 8 lignes & demie.

H diametre de la lumiere, 1 ligne & demie.

AI l’épaisseur du métal à la bande sans comprendre le cordon, 10 lignes.

KK la longueur de la semelle de fonte du mortier est de 16 pouces ; la largeur de ladite semelle est de 9 pouces, & son épaisseur d’un pouce 6 lignes.

NN le diametre du boulet de 60 livres.

O une anse représentant deux dauphins se tenant par la queue, ladite anse placée sur le milieu de la volée.

P languette de fonte qui tient au ventre du mortier, sur lequel il repose, & qui répond au bout de la semelle étant justement placé dans le milieu. Voyez Poudre à canon. (Q)

Eprouvette, (Commerce.) c’est une espece de jauge dont les commis des aides se servent dans les visites qu’ils font chez les Marchands de vin & Cabaretiers, pour connoître ce qui reste de vin dans une futaille en vuidange.

Cette éprouvette est ordinairement une petite chaînette de fer, dont un des bouts est appesanti par un peu de plomb. On la fait entrer par le bondon de la piece, & lorsqu’on sent le fond on la retire, le commis évaluant la liqueur sur la partie de la chaîne qu’il en tire humectée. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chambers.

Eprouvette ; les Potiers d’étain nomment ainsi une petite cuillere de fer, dans laquelle ils fondent leur étain, pour en connoître la qualité avant que de le mettre en œuvre. Voyez Potier d’étain. Dictionn. du Comm.