L’Encyclopédie/1re édition/EPANADIPLOSE

EPANADIPLOSE, s. f. figure de diction, ἐπαναδίπλωσις. Ce mot est composé de la préposition ἐπὶ, & de ἀναδίπλωσις, reduplicatio. R. διπλόος, duplex. Il y a anadiplose & épanadiplose ; ce sont deux especes de répétitions du même mot. Dans l’anadiplose, le mot qui finit une préposition, est répeté pour commencer la préposition suivante :

. . . Sequitur pulcherrimus Astur,
Astur equo fidens
. Æneid. l. X. v. 180.


& dans Ovide, au second livre des Métam. v. 206.

. . . Sylvæ cum montibus ardent ;
Ardet Athos, Taurusque
, &c.


& en françois, Henriade, liv. I.

Il apperçoit de loin le jeune Teligny ;
Teligny, dont l’amour a mérité sa fille.


au lieu que dans l’épanadiplose le même mot qui com. mence une préposition, est répeté pour finir le sens total :

Ambo storentes ætatibus, Arcades ambo. Virg. ég. 7.


& Ovide, au liv. II. des Fastes, v. 235. dit :

Una dies Fabios ad bellum miserat omnes ;
Ad bellum missos perdidit una dies
.


On trouve le dystique suivant dans deux anciennes inscriptions rapportées par Gruter ; l’une au tome I. p. 615. & l’autre au tome II. p. 912.

Balnea, vina, Venus, corrumpunt corpora nostra ;
Sed vitam faciunt balnea, vina, Venus.

L’épanadiplose est aussi nommée épanaplese par Donat & par quelques autres grammairiens.

Pour moi je trouve qu’il suffit d’observer qu’il y a répétition, & de sentir la grace que la répétition apporte au discours, ou le dérangement qu’elle cause. Il est d’ailleurs bien inutile d’appeller la répétition, ou anadiplose, ou épanadiplose, selon les diverses combinaisons des mots répetés. Ceux qui se sont donné la peine d’inventer ces sortes de noms sur de pareils fondemens, ne sont pas ceux qui ont le plus enrichi la république des Lettres. (F)