L’Encyclopédie/1re édition/ELEMI
ELEMI, (Hist. nat. des Drogues.) résine étrangere qui s’enflamme aisément, & qui se dissout dans l’huile. On distingue deux sortes d’élémi, 1°. le vrai élémi ou celui d’Ethiopie & de l’Arabie heureuse, 2°. l’élémi d’Amérique.
Le vrai élémi est une résine jaunâtre, ou d’un blanc noirâtre, solide extérieurement, quoiqu’il ne soit pas entierement sec, mou & gluant intérieurement, formé en morceaux cylindriques qui brûlent lorsqu’on les met sur le feu ; son odeur forte n’est pas desagréable, elle approche de celle du fenouil. Ces morceaux cylindriques sont ordinairement enveloppés de grandes feuilles de roseau ou de palmier. Nous n’avons encore rien de certain sur l’arbre dont cette résine découle, & même on la trouve aujourd’hui très-rarement dans les boutiques : on est trop heureux de rencontrer l’élémi pur d’Amérique.
Celui ci est une espece de résine quelquefois blanchâtre, quelquefois verdâtre ou jaunâtre, transparent, approchant de la résine du pin, de consistence tantôt plus molle, tantôt plus seche, d’une odeur résineuse, desagréable. On l’estime quand il est récent, transparent, un peu verd, gras, gluant, odoriférant. Il nous vient du Brésil, de la nouvelle Espagne & des isles d’Amérique : on l’apporte en pains de deux à trois livres ; & parce qu’ils sont enveloppés dans des feuilles de cannes, on lui donne communément le nom de gomme élémi en roseaux. L’arbre qui fournit cette résine s’appelle icicariba. Voyez Icicariba.
On vend pour de l’élémi naturel, celui qui à cause de sa saleté, a été fondu & recuit au feu, & c’est peut-être là la moindre des tromperies. On contrefait assez communément cette résine avec du galipot lavé dans de l’huile commune d’aspic. On fait aussi passer des gommes communes & quelques especes de poix-résines jaunâtres, blanchâtres, grises, pour l’élémi d’Amérique. Les connoisseurs les distinguent par l’odeur & la couleur ; mais si la chose en valoit la peine dans la pratique, la meilleure connoissance pour un acquéreur seroit celle d’un bon droguiste. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Elemi résine, (Pharm. mat. médic.) La résine élémi est plus connue dans les boutiques sous le nom de gomme que sous celui de résine ; cependant comme c’est absolument une résine, nous l’appellerons ainsi, & en cela nous suivrons M. Geoffroy, qui lui donne ce nom dans sa matiere médicale.
La résine élémi s’employe rarement seule, mais elle entre dans beaucoup de préparations officinales externes ; c’est elle qui fait la base du baume d’Arceus, auquel on donne quelquefois le nom d’onguent élémi. Voyez Baume d’Arceus.
Si on distille par la retorte la résine élémi, on en retire tout ce que donnent ordinairement les résines, c’est-à-dire du flegme acide, une huile assez limpide dans le commencement, & qui s’épaissit de plus en plus vers la fin de l’opération ; il ne reste dans la cornue qu’une petite quantité de caput mortuum, surtout si l’élémi étoit pur.
La résine élémi appliquée extérieurement, passe pour résoudre les tumeurs, déterger les ulceres, & pour être un très-bon digestif ; mais, comme nous l’avons dit, on ne l’employe point seule.
On ne l’employe point non plus pour l’intérieur, cependant quelques auteurs la vantent comme diurétique.
L’élémi entre dans le baume d’Arceus & dans celui de Fioraventi, dans les onguens de styrax & martiatum, dans les emplâtres de bétoine, oppodeltoch, d’André de la Croix, &c. (b)