L’Encyclopédie/1re édition/ELAN, ALÉE

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ELAN, ALÉE, (voyez Alée) Hist. nat. Zoologie. animal quadrupede du genre des ruminans. M. Perrault a donné la description d’un élan qui étoit à-peu-près de la grandeur d’un cerf. Il avoit cinq piés & demi de longueur, depuis le bout du museau jusqu’au commencement de la queue. C’étoit une femelle ; elle n’avoit point de cornes. La longueur & la largeur du cou n’étoit que de neuf pouces ; les oreilles avoient aussi neuf pouces de longueur, & quatre de largeur ; le poil étoit gris, à-peu-près comme celui de l’âne, mais plus long : il avoit trois pouces de longueur, & il étoit aussi gros que le plus gros crin de cheval. Cet animal avoit la levre supérieure fort grande, & détachée des gencives ; les piés ressembloient à ceux du cerf, excepté qu’ils étoient beaucoup plus gros. Mém pour servir à l’hist. des animaux, I. partie.

L’élan est plus haut qu’un cheval ; il a le corps fait comme celui d’un cerf, mais plus gros ; il porte de très-grandes cornes, qui sont cylindriques à leur origine, ensuite elles s’élargissent beaucoup, & forment une table plate qui a sur ses bords plusieurs prolongemens en forme de doigts. Ces cornes sont très-pesantes, elles tombent comme celles du cerf. Les élans restent dans les pays septentrionaux de l’Europe ; il y en a aussi en Amérique, on leur donne le nom d’orignal ; & il s’en trouve en Afrique qui sont plus gros que ceux d’Europe & d’Amérique. Ils ont pour l’ordinaire cinq piés de hauteur ; les cornes n’ont qu’environ un pié de longueur ; le poil est doux & de couleur cendrée ; la chair est aussi bonne à manger que celle du bœuf. L’élan habite les hautes montagnes où il y a de bons pâturages ; il est fort agile, & grimpe avec beaucoup de vîtesse sur les rochers les plus escarpés. Kolbe, desc. du cap de Bonne-Espérance.

On prétend que l’élan a l’odorat plus fin qu’aucun autre animal, & on a observé que ses nerfs olfactifs sont très-gros. Cet animal est fort timide, mais il a beaucoup de force ; il se défend contre les chiens & contre les loups, en les frappant avec les piés de devant. On dit qu’il est sujet à l’épilepsie, & que pour remede il porte le pié dans son oreille : c’est pourquoi on attribue à son pié la propriété de guérir de cette maladie ; mais cette opinion n’a aucun fondement : au contraire on ne croit pas que l’élan puisse porter le pié à son oreille, parce que les jointures des jambes n’ont pas assez de souplesse pour se préter à cette attitude. D’ailleurs la prétendue propriété du pié d’élan contre l’épilepsie, n’est pas prouvée. En Norvege où l’épilepsie est aussi fréquente qu’ailleurs, & les piés d’élans beaucoup plus communs, les gens éclairés n’en font aucun cas ; tandis que les autres, lorsqu’ils voyent tomber un élan & qu’ils soupçonnent que sa chûte est causée par un accès d’épilepsie, sont fort attentifs à observer quel pié il portera à son oreille, & le coupent aussi-tôt pour le garder comme un remede qui a une vertu spécifique. Mém. pour servir à l’hist. nat. des anim. I. part. & plusieurs relations de voyages. Voyez Quadrupede. (I)

Elan, (Pharm. & Mat. med.) on faisoit autrefois beaucoup de cas de la corne du pié de cet animal, sur-tout du gauche de derriere, qu’on croyoit être un remede spécifique contre l’épilepsie. On ne se contentoit pas de faire prendre de la poudre de ce pié gauche, on en portoit aussi en amulete un morceau suspendu au cou, ou bien on en faisoit des anneaux qu’on portoit au doigt. Mais aujourd’hui on est revenu de cette erreur ; & on croit que ce remede, si c’en est un, est peu efficace dans la maladie pour laquelle on le vantoit tant, & que l’ongle du pié de bœuf ou de cerf a tout autant de vertu. La Pharmacopée de Paris le fait entrer cependant encore dans la poudre anti-spasmodique & dans celle de guttete, sans doute pour se conformer à l’ancien usage, qui étoit de le prescrire dans toutes les maladies spasmodiques. (b)

Elan, (Art méch. Chamois.) La peau de l’élan se passe en huile comme les buffles ; & pour lors les faiseurs de colletins de buffle, de baudriers, & de ceinturons, les Gantiers & autres ouvriers, l’employent aux différens ouvrages de leurs métiers. Voy. Chamois & Chamoiseur.