L’Encyclopédie/1re édition/EBRILLADE

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EBRILLADE, s. f. (Manége.) terme imaginé par Salomon de la Broue, le premier écuyer françois qui ait écrit sur la science du Manége. Il l’a employé pour exprimer le mouvement desordonné du cavalier qui tenant une rêne dans chaque main, n’agit que par secousse avec l’une ou l’autre de ces rênes, lorsqu’il veut retenir son cheval, ou plus communément lorsqu’il entreprend de le tourner. On conçoit que la barre sur laquelle se transmet l’impression de cet effort dur & subit, ne peut en être que vivement endommagée. Ce mot, dont la signification est restrainte à ce seul sens, a vieilli, ainsi que beaucoup d’autres : il est rarement usité parmi nous. Ce n’est pas que la main de nos piqueurs, & même celle de nombre d’écuyers qui pratiquent de nos jours, soit plus perfectionnée & moins cruelle que celle des piqueurs & des maîtres qui étoient contemporains de la Broue ; mais nous nous servons indifféremment du terme de sacade, qu’il n’a néanmoins appliqué que dans le cas de la secousse des deux rênes ensemble, pour désigner toute action soudaine, brutale & non mesurée, capable d’égarer une bouche, ou tout au moins de falsifier l’appui ; soit qu’elle parte d’une main seule, soit qu’elle soit opérée par toutes les deux à la fois. Après ce détail, on trouvera peut-être singulier que plusieurs auteurs, & la Broue lui-même, ayent conseillé de recourir aux ébrillades, comme à un châtiment très-propre à corriger le cheval dans une multitude d’occasions. (e)