L’Encyclopédie/1re édition/DOM ou DON
DOM ou DON, (Hist. mod.) titre d’honneur, originairement espagnol, & dont on se sert aujourd’hui en certaines occasions dans d’autres pays.
Il est équivalent à maître, seigneur, lord, monsieur, sieur, &c.
Gollut, dans ses mém. des Bourg. liv. V. chap. xj. nous assûre que don Pelage fut le premier à qui les Espagnols donnerent ce titre ; lorsqu’après avoir été mis en déroute par les Sarrasins, au commencement du huitieme siecle, ils se rallierent sur les Pyrénées, & élurent ce général pour roi.
En Portugal, personne ne peut sans la permission du roi prendre le titre de don, qui est dans ce pays une marque de noblesse.
Dom est en usage en France parmi certains religieux, comme les Charteux, Bénédictins, &c. Ainsi on dit : le R. P. dom Calmet, dom Alexis, dom Balthasar, &c. Au plurier, on écrit doms avec une s, quand on parle de plusieurs ; comme les RR. PP. doms Claude du Rable, & Jacques Douceur : on y joint assez communément le nom de baptême, même quand on parle d’un seul, dom Jean Mabillon, dom Thierry Ruynart, dom Etienne Brice.
Ce mot est dérivé du mot latin domnus ou dominus, dont il n’est qu’une abbréviation. Le mot domnus se trouve dans plusieurs auteurs latins du moyen âge ; Onuphre assûre que le titre domnus ne se donna d’abord qu’au pape ; qu’ensuite on le donna aux archevêques, évêques, abbés, & autres personnes qui étoient élevées en dignité dans l’église, ou qui étoient recommendables par leur vertu : enfin dom est resté aux moines seuls, & don aux Espagnols & aux Portugais.
Quelques auteurs prétendent que les religieux se sont abstenus par humilité de prendre le titre de dominus, comme appartenant à Dieu seul, & qu’ils y ont substitué celui de domnus, qu’ils ont regardé comme un diminutif, quasi minor dominus. Quoi qu’il en soit, le titre de domnus au lieu de dominus paroît fort ancien ; puisque Julia, femme de l’empereur Septime Sévere, est appellée sur les médailles, Julia domna au lieu de Julia domina. Voyez le dict. de Trév. (G)