L’Encyclopédie/1re édition/DOLIMAN

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DOLIMAN, s. m. (Hist. mod.) espece de longue soutane des Mahométans, qui leur pend jusqu’aux piés, & dont les manches étroites se boutonnent auprès de la main. Voici donc, au rapport de MM. le Brun & Tournefort, la maniere dont les Turcs s’habillent ; & ce n’est pas sur cet article que nous sommes devenus plus sensés qu’eux, en quittant notre habit long pour en prendre un autre aussi grotesque qu’incommode.

Les Turcs, hommes & femmes, mettent d’abord un caleçon sur leur corps nud ; ce haut-de-chausses ou caleçon se ferme par-devant au moyen d’une ceinture large de trois ou quatre pouces, qui entre dans une gaîne de toile cousue contre le drap ; l’ouverture qui est par-devant, n’est pas plus fendue que celle qui est par-derriere, parce que les Mahométans n’urinent qu’en s’accroupissant ; par-dessus le caleçon, ils ont une chemise qui est de toile de coton fort claire & fort douce, avec des manches plus larges que celles de nos femmes, mais sans poignets ; ils les troussent dans leurs ablutions au-dessus du coude, & ils les arrêtent avec beaucoup de facilité ; ils mettent par-dessus la chemise le doliman, qui est une espece de soutane de boucassin, de bourre, de toile, de mousseline, de satin, ou d’une étoffe d’or, laquelle descend jusqu’aux talons. En hyver, cette soutane est piquée de coton : quelques Turcs en ont de drap d’Angleterre le plus fin.

Le doliman est assez juste sur la poitrine, & se boutonne avec des boutons d’argent doré, ou de soie, gros d’ordinaire comme des grains de poivre ; les manches sont aussi fort justes, & serrées sur les poignets avec des boutons de même grosseur, qui s’attachent avec des ganses de soie au lieu de boutonnieres ; & pour s’habiller plus promptement, on n’en boutonne que deux ou trois d’espace en espace. Le doliman est serré par une ceinture de soie de dix ou douze piés de long, sur un pié & un quart de large. Les plus propres se travaillent à Seis : on fait deux ou trois tours de cette ceinture, ensorte que les deux bouts qui sont tortillés d’une maniere assez agréable, pendent par-devant. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.